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Shangols
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14 septembre 2013

World War Z de Marc Forster - 2013

2013-01-31-world_war_z
Marc Forster n'a pas vraiment ébloui Shangols jusqu'à maintenant, mais j'avoue que la promesse de Brad Pitt aux prises avec des zombies éructants m'a tenté. Me voilà donc lâché en plein blockbuster qui tâche, je reconnais que l'expérience est éprouvante pour les yeux et assez peu pour le cerveau, et qu'on ressort du bazar la bave aux lèvres et un tic nerveux au coin des paupières. A déconseiller aux épiletiques, c'est mon premier conseil : on est dans la bonne vieille "technique" actuelle, qui consiste, pour doper l'action, à monter 17 plans/seconde en balançant des infra-basses à donf. On se croirait à Ibiza le 15 août. La première heure est visuellement insupportable, on avale ce flot continu d'images subliminales comme on gave une oie, et on ne comprend pas grand-chose à ce qui se passe. Brad Pitt combat des zombies de New-York à Jérusalem, ok d'accord, mais l'action est illisible, et la nécessité de la chose apparaît peu. A part rentabiliser les écrans verts, on ne voit pas vraiment où tout cela mène. Il s'agit de morts-vivants, mais il pourrait s'agir tout aussi bien d'alligators transgéniques ou de dangereux terroristes teutons : aucune idée dans le scénario, ni dans le traitement. C'est spectaculaire, je ne le nie pas, mais ça s'arrêtera là.

world-war-z-brad-pitt
Le film est purement américain. D'une part parce que le monde y est considéré comme un territoire sans réalité, où on franchit des milliers de kilomètres en quelques secondes (Brad, victime d'un accident d'avion dantesque en plein coeur des montagnes, se fait une petite ballade jusqu'au centre de l'ONU qu'il voulait visiter), comme une sorte de masse sans frontière et sans consistance. D'autre part parce que le danger est entièrement concentré sur un seul mot : l'Autre. Peu à peu on se dit que, peut-être involontairement, Forster nous montre habilement une Amérique bien dépourvue face à l'invasion annoncée (le film est de droite, à signaler quand même) : les zombies sont une sorte de flot qui s'apparente souvent visuellement à de l'eau (ces milliers de monstres qui coulent des fenêtres, qui forment de grandes vagues sur les murs de Jerusalem, qui ne sont jamais différenciés les uns des autres), et face à eux, il y a l'individu américain type : Brad, sa force, sa solidarité, sa famille trognone et sa dévotion à l'armée et à la patrie. Le film est intéressant pour ça : il opère lentement un passage du "flot d'étrangers face à l'individu" à "l'individu face à l'individu".

brad-pitt-world-war-z
Oui, parce que la deuxième partie est mieux. Notamment grâce à une scène aussi impressionnante que belle : Pitt face à un zombie, seul, dans toute sa laideur, à quelques centimètres, le contemplant comme un miroir déformé de lui-même. Enfin calmé, acceptant enfin de se poser pour nous montrer de vrais êtres humains et plus des images de synthèse, le film dans cette séquence devient intéressant, par ce glissement de la masse à l'unique, disons. Et on a beaucoup plus peur de ce zombie solitaire, monstrueux, que des millions qu'on a vus précédemment. Très fier pourtant de sa vision globale du monde, Forster termine comme il avait commencé, en exterminant sans nuance les masses d'étrangers (dans des stades, qui plus est : les Américains ont-ils la même référence que nous là-dessus ?), à croire qu'il n'a pas compris son film.

World-War-Z-Viral
Cette construction intéressante n'empêche pas World War Z de verser dans le film bourrin de base. Pas de personnages (ce pauvre Pitt traverse le film hébété, sans avoir strictement rien à défendre), un scénario cousu de fil blanc (les gentils gagnent à la fin, tant pis pour le suspense), une mise en scène au marteau-pilon et un fond éternellement réac. Même si la brutalié de certaines scènes marque des points, les zombies étant vraiment dangereux pour une fois (finis les déplacements à deux à l'heure : ceux-là sont rapides comme des fauves), on reste dans le bazar style jeu vidéo, sans jamais trembler, sans jamais que le moindre neurone ne frémisse, sans jamais même rire (l'ensemble est sérieux comme une thèse de chimie). Forster : nan, toujours pas.

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