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13 septembre 2013

LIVRE : Les Renards pâles de Yannick Haenel - 2013

2013-08-21-renards_pales_huffingtonpost_fxUn peu court en bouche, un peu déséquilibré, un peu insaisissable, le nouveau bouquin de Yannick Haenel n'a pas grand-chose d'aimable... et pourtant j'ai plutôt bien aimé sa façon très discrète de s'affirmer, son petit univers intime, son personnage, son lyrisme modeste. La première partie est même très belle : un gars décide de se soustraire à la société, sans bruits et sans réel discours. Il passe ses journées exilé dans sa voiture, lisant En attendant Godot et se soûlant copieusement, plus vraiment de ce monde tout en continuant à "en être" : quand il sort c'est pour se doucher à la piscine, passer des soirées arrosées avec des gens qu'il voit à travers des nuages alcoolisés, ou arpenter les quartiers peu fréquentés de Paris. C'est lors d'une de ces balades qu'il va tomber sur des graffitis mystérieux inscrits sur les murs, annonçant peut-être une révolution... Toute cette première moitié est vraiment belle, parce qu'on y découvre un personnage en bord de vie, ayant trouvé un réel équilibre mental en quittant la société, ou au moins en l'observant de loin, à travers les vitres de sa voiture en arrêt. Même si le réel refait très souvent des retours dans son existence (la scène hantée du SDF pris dans le camion à ordures), il apparaît comme un vrai rebelle moderne. Haenel parvient à le rendre crédible, par ce mélange de faits et de théories, de scènes presque oniriques et de détails très concrets. Son écriture est simple mais puissante, et on sent derrière ces pages une sincérité totale. Il semblerait bien que le bougre ait trouvé réellement une façon moderne de se révolter.

Ensuite, c'est moins réussi. La seconde moitié semble ne pas faire partie du même livre, n'a que peu de rapports, stylistiques et dans la trame, avec la première. Il s'agit d'une sorte de cri de rage contre les valeurs bourgeoises, de glorification de la révolution, voire d'une théorie (assez valable, c'est vrai) sur la nécessité de brûler ses papiers d'identité. C'est pas inintéressant, mais c'est très répétitif et très théorique alors que le livre avait commencé en vrai roman. Lyrique sans nécessité, même si ce lyrisme est très joliment écrit, cette partie, même tourmentée, même sainement colérique, manque d'allant, est un peu trop froide, et rompt le bel équilibre du début. Du coup, on est presque déçu en refermant le bouquin. Mais rien que pour ce début inspiré, on considérera que Les Renards pâles est un beau livre.

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