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14 août 2013

LIVRE : Kinderzimmer de Valentine Goby - 2013

9782330022600On a à peu près tout écrit sur les camps de concentration, et on est un peu perplexe à l'ouverture de ce roman, et même pendant une bonne moitié d'icelui. Comme si Goby arrivait trop tard et écrivait, c'est malheureux à dire, le énième récit d'une déportation, ni pire ni meilleur que les autres, et en tout cas moins intéressant que ceux des réels survivants. L'écriture est plutôt sobre, précise et fluide, mais on a l'impression d'avoir lu cent fois ces descriptions des horreurs, la faim, la crasse, les poux, les jalousies entre prisonnières, les petites combines pour survivre, et les brêves joies de temps en temps. Pourtant, dès les premières pages, Goby semble avoir choisi le bon angle : décrire Ravensbrück du point de vue de la déportée de l'époque, c'est-à-dire d'une jeune femme qui ne sait rien des camps, qui ne sait pas où on l'emmène, qui n'aurait pas encore bénéficié de toutes les informations qu'on a accumulées depuis la fin de la guerre sur le sujet. L'héroïne du roman ne sait donc pas ce qu'est Ravensbrück, ne sait pas qu'on tue les déportés, ne sait pas ce qui l'attend, et Goby parvient très bien à narrer "au présent" le parcours de cette innocence.

Peu à peu on arrive à déceler ce qui fait l'originalité, et même l'inédit de ce texte : Mila, la protagoniste, prisonnière donc dans le camp, est enceinte. Et on apprend avec elle que, si les nazis tuaient en masse et arbitrairement les prisonnières, ils étaient capables par ailleurs de construire des "Kinderzimmer" à l'intérieur des camps, et de permettre aux bébés de naître, voire de survivre avec de la chance. Au sein des camps de la mort, la vie pouvait naître. C'est assez bluffant, et cette information suffit à rendre ce bouquin intéressant. On suit avec empathie le combat de Mila pour survivre et pour sauver son bébé de la mort, combat bien sûr fort en héroïsme et en débrouille, en abnégation et en dangers. On sent que tout ça est vrai, que Goby s'est documentée précisément avant d'écrire, et cette authenticité finit par payer, autant que la sobriété de l'écriture et la force du sujet. Finalement, certes, on n'aura pas assisté à une révolution dans la façon d'écrire sur la Shoah, mais on aura au moins traversé une aventure humaine forte et assez inouie. Simple et humain, quoi, ce qui est sûrement le seul bon angle pour parler de cette époque.

Commentaires
G
Au temps pour moi, donc.
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Y
Juste un petit commentaire : ce roman n'évoque pas la Shoah. Ravensbrück n'est pas un camp d'extermination, et cela fait toute la différence, car l'espoir de survie est possible. C'est un camp de travail, avec principalement des déportés politiques. Atroce, mais un camp de travail. Belle fin d'été.
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