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19 juillet 2013

LIVRE : Lady Hunt d'Hélène Frappat - 2013

9782330023553,0-1713458En passant chez Actes Sud après avoir oeuvré chez l'intrépide Allia, Hélène Frappat perd indéniablement en audace, et laisse tomber presque complètement l'expérimental pour se livrer au pur roman. On le regrettera, c'est sûr : quand on se souvient de ses bouquins du début, on ne peut que faire la moue devant ce roman linéaire et somme toute assez classique. Bon, passons outre, et constatons tout de même que la belle sait encore très joliment écrire, ce qui n'est pas dommage. Hommage envoûtant au roman gothique anglais autant qu'au cinéma fantastique contemporain (quelque part entre Du Maurier et Kiyoshi Kurosawa, quoi), elle nous trousse une intrigue énigmatique qui tient bien la route : son héroïne, Laura Kern (à une lettre d'une actrice lynchienne), agent immobilier, est victime de rêves récurrents où elle voit une maison menaçante, et est confrontée à des évènements surnaturels incessants : un enfant disparaît alors qu'elle fait visiter un appartement, elle sent des présences énigmatiques au fond des miroirs, ce genre de choses. Elle va devoir convoquer un lourd passé familial, père disparu, maladie dégénérative, secrets jamais dévoilés, soeur fantômatique, amant terne, pour parvenir à mettre des mots sur cette angoisse autant psychologique que concrète.

Rebecca n'est pas loin, dans les deux premiers tiers en tout cas, et Frappat joue à merveille avec les motifs "horrifiques" et les ambiances spectrales. Elle tresse parfaitement bien le côté fantastique de la chose avec la profondeur psychologique des personnages, et renouvelle le genre en le replaçant dans un contexte éminemment contemporain. Ici, comme chez son modèle John Carpenter, c'est la ville, les murs, les bâtisses qui induisent l'altérité, non les êtres (alors qu'ils vont se révéler eux-mêmes d'une grande complexité). Pas d'évènement à proprement parler dans ce roman, mais une série d'impressions, séparées en chapitres courts, en phrase précises, dans un bel effort de rythmique. Les poèmes qui scandent le récit ajoutent un côté désuet et romantique à ces atmosphères urbaines prenantes, et on est toujours à cheval entre deux temps, entre deux impressions ; c'est très bien fait. Mais dans le dernier tiers, la belle se perd un peu dans des élucubrations ésotériques longuettes : on n'avait pas besoin de pierre magique ou de medium dans cette histoire, on préférait la complexité intérieure des personnages à cette résolution fictionnelle un peu tortueuse. Résultat des courses : inégal, pas vraiment à la hauteur des attentes, mais comment ne pas tout pardonner à une nana qui aime Carpenter ?

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