Le Juge Thorne fait sa loi (Stranger on Horseback) (1955) de Jacques Tourneur

Joel McCrea campe un juge itinérant, Joel est un pur, Joel est un dur. Quand il arrive dans cette petite bourgade ou chaque enseigne, comme Michelin à Clermont, porte le nom du propriétaire des lieux, Bannerman, il sent bien que ce monopole a quelque chose de louche. Le juge local l’invite à profiter des largesses et de l’hospitalité de ce fameux Bannerman mais Joel est un incorruptible : il a les yeux bleus assortis à sa veste, rien ne pourra jamais le faire sortir de sa voie - celle du bon goût et de la justice. Il ne tarde pas à apprendre en titillant quelques figures locales que le fils Bannerman, le jeune et couillon Tom, est impliqué dans une rixe qui a causé la mort d’un gars qui venait tout juste de débarquer en ville. Bien sûr, Tom l’a flingué en état de légitime défense… Bien sûr que cela sent l’anguille sous roche… et la poudre : ici c’est le clan des Bannerman qui commande (avec à sa tête un self-made man puant), c’est pas un ptit mariole aux yeux bleus qui va amener sa loi en ville ! Joel sait se servir de ses poings, au besoin de son gun et va te mettre le Tom en prison en deux temps trois mouvements. La ville gronde.

Autour de Jo, un casting masculin de bonnes vieilles tronches (le juge et colonel, John Carradine, Bannerman, John McIntire ou encore le témoin) et un trio féminin qui envoie du bois : il y a la jeune veuve éplorée à laquelle on a demandé de quitter la ville, la jeune femme, fiancée à Tom, mais témoin oculaire du meurtre (car Tom est bel et bien coupable, mes amis) et la jeune cousine Bannerman qui se jette un peu rapidement dans les bras de Joel… Seulement Joel n’est pas du genre à céder au sentiment ou à la pression, ce sont généralement les autres qui finissent par lui céder, par se plier à sa cause - y compris les femmes… Un juge droit dans ses bottes pour une histoire linéaire et balisée. Tourneur ne s’égare pas en route pour nous conter en à peine plus d’une heure cette histoire d’un type juste et réalise un bon ptit western nerveux… même si le final est un peu abrupt et peut laisser sur sa faim (l’important est de traduire le gars en justice, certes, mais on n’aurait pas été contre un ptit épilogue affectif, just for the road...). Film solide et droit du Jacques à l’image de son personnage pragmatique et juste. Efficace, quoi, et en Ansco Color, s’il vous plaît, ce qui permet, dans la dernière partie notamment, de mettre en valeur (bon ok, c'est parfois un peu saturé au niveau des rouges, c'est vrai...) ce bien joli paysage traversé.

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