Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
19 juin 2013

Million Dollar Baby de Clint Eastwood - 2004

Maggie-million-dollar-baby-29012561-900-600
Le mélodrame est une alchimie hyper-fine : si on sait doser, ça peut être une tuerie (The Bridges of Madison County) ; si on en fait trop, ça devient risible (Million Dollar Baby). On ne peut pas dire que le gars Clint se ménage sur ce film, qui sur sang et eau pour nous faire verser notre larme à la fin. Mais trop c'est trop : on reste de marbre devant ce scénario cousu de filin blanc, devant ce jeu d'acteurs usé jusqu'à la corde et devant ces effets attendus de bout en bout. On sait toujours 10 minutes avant les personnages ce qui va se passer : Clint en vieil entraîneur de boxe qui refuse de s'occuper de la jeune nana qui sollicite son aide ? On sait qu'il va accepter dans trois scènes. La boxeuse qui gravit les marches du succès ? On sait que la méchante Allemande (au jeu aussi fin que Christian Clavier) va lui faire sa fête. La malade qui supplie en vain qu'on l'achève sur son lit de souffrance ? Préparez la machine qui fait biiiiip. Etc. Certes, on rétorquera que ça fait partie du charme de nous entendre conter toujours la même histoire, comme à des enfants, et que le plaisir est aussi dans les vieilles recettes éprouvées. Oui, sauf qu'on n'est plus des enfants, contrairement à ce que Clint semble penser, soulignant jusqu'à la caricature les caractères de ses personnages (une Hilary Swank en Heidi simplette, un Morgan Freeman en vieux briscard éternel, une mère indigne digne d'un Walt Disney, un jeune boxeur débile mental complètement invraisemblable, un Clint dans ses pantoufles). Le film appuie tellement sur ses règles de grammaire à l'ancienne qu'on finit par en voir les coutures.

million-dollar-baby1
Alors bien sûr, il y a encore de très belles choses là-dedans : la photo de Tom Stern, bien entendu toute en clair-obscur (sinon c'est pas du Eastwood) ; la façon de filmer les combats de boxe, impeccablement claire et lisible, qui nous plonge en immersion dans les subtilités du sport, dans sa technique ; un passage parfois intéressant du mélodrame hollywoodien vers la tragédie grecque. Mais ça ne suffit pas : on somnole devant ce film boursouflé et inutile, archétype de ce que fait Eastwood quand il en fait trop.

All Clint is good, here

Commentaires
M
Couché, Clint ! On t'a assez vu ! Tu prends trop au sérieux !<br /> <br /> T'étais mieux en Dirty Harry. <br /> <br /> Et, sorry, mais t'es toujours pas devenu un Don Siegel, loin s'en faut, ni Sergio...
Répondre
G
J'aime beaucoup votre phrase désolée, Ludovic : "De plus, je viens de Moulins", qui pourrait être le titre d'un Modiano. C'est le gars Shang qui vient lui aussi de cette ville maudite, mais je comprends votre douleur, et la solidarité qui peut du coup se déclarer entre vous.<br /> <br /> Oui, moi aussi j'aime Eastwood, comme l'atteste notre odyssée maintenant complète. Mais ce Million Dollar baby ne m'a jamais emballé, et je préfère de beaucoup d'autres mélodrames Clintesques réputés mineurs (le truc avec Angelina Jolie, ou le grandiose Breezy).<br /> <br /> Quant à Tavernier, j'ai énormément d'admiration pour le gusse, cinéphile inlassable qui parvient toujours à transmettre sa passion (et qui m'a mis sur la voie de Boetticher par exemple, gloire à lui). On est durs avec ses films, parce que je trouve pour ma part qu'ils vieillissent très mal, et qu'ils sont souvent, justement, assujetis à ces grands modèles que le gars connaît par coeur : soit ils sont trop timides quand ils sont des films "de genre" (Autour de Minuit ou L'Appat, par exemple), soit trop classiques et appliqués (La vie et rien d'autre, brrr, sans moi). Je suis loin d'avoir tout vu cela dit. Bon, il fait partie de mes têtes de turc, il en faut, mais je suis de mauvaise foi, c'est vrai.<br /> <br /> Merci pour votre passage chez nous, camarade Ludovic, et de votre signet-Shangols.
Répondre
L
J'aime bien Clint Eastwood, mais ça fait plaisir de lire une critique dure comme un uppercut. Eastwood jouit en France du même effet que Woody Allen, dont chaque film est accueilli unanimement par la critique (qui dira à la rigueur : "un Woody Allen mineur" quand le film est parfois proche du médiocre, voire pire). <br /> <br /> <br /> <br /> D'ailleurs, c'est votre critique de la cinématographie complète de Woody (et votre commentaire : ça fait quinze ans au moins qu'un bon Woody Allen a à peu près la valeur d'un très moyen d'antan( je cite approximativement)) qui m'a incité à mettre votre film dans mes signets ; de plus (mais l'identité des deux comparses de ce site m'est encore un peu confuse), je viens de Moulins. <br /> <br /> <br /> <br /> Rien à voir, je cous trouve excessivement dur avec Bertrand Tavernier, qui a fait quelques beaux films (Un dimanche à la campagne et La vie et rien d'autre, notamment) et qui a le mérite de faire un cinéma généreux et socialement juste (voir son documentaire sur une barre de HLM, dont, malheureusement, j'ai oublié le nom). <br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour votre cinéphilie généreuse elle aussi, et communicative.
Répondre
Derniers commentaires