Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
19 juin 2013

LIVRE : Les Chaussures italiennes (Italienska skor) de Henning Mankell - 2006

les-chaussures-italiennes1Il y a certains livres qui sont faits pour être lus par petites goulées, comme un grand vin que l’on aurait la possibilité de re-savourer à la moindre occasion. Quel que soit l’espace de temps entre deux lectures / gorgées, le plaisir, l’arôme revient automatiquement et nous enchante/enivre (lyrisme…) le temps de lire un chapitre, de simplement finir son verre. C’est un peu ce qui s’est passé avec Ces Chaussures italiennes du Sieur Mankell qui se révèle au final aussi doué pour trousser une énigme policière alambiquée que pour conter une histoire intime… Soit donc un homme qui se retrouve sur son île au fin fond de la Suède avec pour seul compagnon un chien et un chat… Ancien chirurgien orthopédique, il a quitté son job suite à une grosse boulette, célibataire endurci, il n’a pas laissé d’enfant. Il vit paisiblement, note au jour le jour la météo et les changements de vent ; dès qu’il se retourne sur son passé il ne peut constater que l’étendue des dégâts : sa vie fut-elle une suite d’échecs ? C’est possible, personne n’est parfait. Qu’est-ce qu’il attend encore de l’existence ? Plus rien ou presque, pourrait-on dire : il a son chat - vieillissant - et son chien - vieillissant - à ses côtés, une fourmilière dans sa cuisine qui s’étend de jour en jour comme pour illustrer le gouffre que fut sa vie et chaque matin il prend un bain dans l’eau glacé jusqu’à ce que son cœur lâche… Un homme de rien, ou de peu - dont on pourrait malgré tout prendre plaisir à suivre le cheminement de la pensée jusqu’à l’infini…

Seulement voilà, un jour, sur la glace, apparaît un déambulateur et derrière ce déambulateur, harassée, l’ex-femme de sa vie qu’il a lâchement quittée dans ses jeunes années. On ne peut décidément jamais être tranquille. Ce sera le début des premières remises en question, de discussions à demi-mot, avec de fil en aiguille, d’autres rencontres, de nouvelles joies, de nouvelles peines… Notre héros vit comme un ours pacifique qui sous sa graisse de maladresse cache un homme, un vrai, capable encore de vibrer… C’est bêta mais c’était pas gagné d’avance… Le temps des bilans sans nostalgie suintante, le temps des retrouvailles sans euphorie bêtasse, le temps de l’attente de la mort en essayant de vivre heureux. Notre homme se voit offrir tout un nouvel univers à portée de la main, encore faut-il qu’il ait vraiment envie de le saisir - on se fatigue vite, à cet âge -, encore faut-il vraiment qu’on soit encore capable de l’accepter tel qu’il est. Ça ne se veut jamais plus profond qu’un fjord, ça ne cherche pas à asséner des vérités lapidaires fulgurantes, ça reste tranquillement au niveau de la banquise et c’est une joie, à chaque fois que l’on se remet à fendre ce livre, de retrouver ce petit vent glacial du nord qui vous caresse l’échine, ce petit concentré d’humanité saine écrit d’une plume alerte. Chaussure et livre à mon pied, pour sûr.

Commentaires
Derniers commentaires