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14 juin 2013

LIVRE : Le Temps, le temps (Die Zeit, Die Zeit) de Martin Suter - 2013

9782267024975Habile roman, dans lequel Suter fait se rencontrer en une belle construction parallèle deux conceptions du roman policier. D'un côté Peter Taler, dont la femme a été assassinée devant chez lui, et qui cherche désespérément l'assassin d'icelle : c'est la partie presque classique du polar, enquête mintieuse, soupçons et intuitions, loupes pour scruter des détails de photos, toute la panoplie y est. De l'autre, son voisin, lui aussi veuf, mais qui a décidé de prendre le chemin inverse de Peter pour résoudre sa détresse : il veut arrêter le temps, ou plutôt le nier, en reconstituant l'univers dans l'apparence exacte qu'il avait avant la mort de l'aimée, et ainsi refuser sa disparition. Deux façons de se venger de l'injustice de la perte finalement, et qui donnent un mix acrobatique entre Hitchcock et Borgès, entre polar pur et romantisme. A Hitchcock d'ailleurs le livre est très redevable, puisqu'il commence comme Rear Window (les deux voisins qui s'observent à distance par leurs fenêtres) et se poursuit comme Vertigo (rattraper le temps). Les deux parties, celle de la poursuite de l'assassin et celle de la reconstitution minutieuse du monde d'avant, sont également intéressantes, et c'est vrai que Suter est un conteur adroit, qui sait rester léger malgré la profondeur de sa trame, nous faire croire à un simple suspense alors que sont brassés de vastes concepts scientifico-métaphysiques.

En son milieu, le bouquin piétine un chouille, une fois qu'on a compris les buts précis de ce vieillard obsédé par la fuite du temps. La longue description des modifications qu'il fait subir à son jardin pour le faire ressembler à celui qu'il était 20 ans plus tôt manque de nerfs et on somnole un peu devant ces pages sans évènement. De même que la fausse piste, à mi-parcours, qui devrait conduire vers l'assassin, sent un peu le manque d'idées. Suter n'est pas Mankell, clairement, les trames à rebondissements et les coupables insoupçonnés, c'est pas son truc. Mais malgré ces baisses de rythme et ce sens de la narration fluctuant, Le Temps le temps est dôté d'une écriture comme hantée, et d'un ton mi-sarcastique mi-torturé qui fait mouche. Ca se lit tout seul, quoi, et ça vous laisse un petit goût d'amertume pas désagréable.

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