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4 juin 2013

Barfly de Barbet Schroeder - 1987

barfly-1987-03-g
Séquence retour sur ma jeunesse ce week-end avec ce film fondateur de mon univers mental en quelque sorte, puisque non seulement on y retrouve Mickey Rourke, qui à l'époque était mon idole, mais surtout puisque le scénario est du grand Bukowski, et s'inspire de sa vie, ce qui en fait un film forcément culte. 25 ans après, ma foi, le film a pris quelques coups de vieux, les défauts apparaissent sous le vernis mythologique, mais Barfly a gardé énormément de charme. L'agréable photo de Robby Muller, à qui on ne la fait plus s'il s'agit de filmer les bas-fonds des villes, est pour beaucoup là-dedans : Rourke-Buk évolue au milieu des bars minables, des appartements crasseux et des longues avenues droites, et ce territoire est magnifiquement rendu par l'image, que Schroeder prolonge façon Wenders par de beaux travellings et une façon très personnelle de regarder les petits rôles notamment. La faune des bistrots est parfaitement crédible, du soulard contraint d'attacher son bras à son écharpe pour avaler son bourbon sans trembler à la pochtronne acariâtre qui semble soudée au comptoir, du serveur gros-bras-p'tite-tête (Stallone brother) aux éternels blaireaux grossiers. Ca sent le vécu, disons, c'est à se demander si Bukowski n'a pas convoqué ses potes pour le tournage.

Barfly2
Rourke est comme un poisson dans le scotch là-dedans, bien sûr. Il se compose un personnage éructant et cradouille du meilleur effet, mais c'est peut-être dans sa composition que le film a le plus vieilli. Ca sent le bon vieux travail à l'ancienne, ça sent la sueur et l'excès, jamais on n'oublie Rourke sous le maquillage, même si on se marre souvent à le voir déambuler en caleçon sale, vouté et ricanant dans sa bave, ou à l'écouter fanfaronner devant ses potes. Peu de place par contre pour écouter le Buk qu'on aime, le poète, l'auteur : Schroeder est plus fasciné par le personnage que par l'écrivain, c'est un poil dommage. La belle Faye Dunaway est beaucoup plus subtile dans son jeu, et s'en sort avec classe, interprétant une sorte de diva déchue à la beauté fanée avec beaucoup d'intériorité. Par contre, toute la partie "bourgeoise" (Hank est repéré par une éditrice de la haute, interprétée laborieusement par Alice Krigg, sûrement la femme du producteur) est ratée, pas crédible. On sent Bukowski s'appliquer, au scénario, à se donner une bonne image, et c'est vrai que son copain Schroeder l'épargne pas mal ; on aurait préféré entrevoir le personnage ardu et détestable qu'il était aussi parfois. Ici, il est presque romantique, respectueux, doux, et seule une scène nous présente un personnage un peu plus mal-aimable (le gars qui ne supporte pas qu'un couple s'embrasse devant lui). Mais baste : on regarde ça avec le vrai sourire qu'on a à la lecture des contes de Bukowski, à la fois un peu effrayé de pénétrer dans ces lieux de mauvaise fréquentation et ravi du côté potache de ces losers magnifiques.

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