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17 mai 2013

La Peur (Non credo più all'amore (La paura)) (1954) de Roberto Rossellini

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Rossellini adapte Zweig et met en scène pendant 70 minutes une pauvre Ingrid Bergman remplie d’effroi. Ah c’est bien joli d’avoir un mari et un amant… Seulement voilà, cela devient beaucoup moins drôle quand l’ex de son amant se met martel en tête de vous faire chanter. L’Ingrid cède une première fois prise de pitié pour la pauvrette à la rue, puis résiste, un peu, pas longtemps, car l’autre est forte en gueule ; elle cède une deuxième fois mais la chtite semble bien décidée à ne pas lâcher prise... La maitresse-chanteuse va plonger notre Ingrid dans la panique quand elle va lui « emprunter » une bague - ce furent en d’autre temps des boucles d’oreille « disparues » qui provoquèrent la détresse d’une femme… -, d’autant que le mari de la belle Ingrid ne la lâche point pour voir réapparaître le dit bijou… Ingrid a le même regard perdu que celui d’un lapin dans la lumière d’un camion, la nuit…

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A l’aide d’un montage des plus « dynamiques », Rossellini ne perd point de temps pour nous faire partager la chute tourbillonnante de cette femme prise en flagrant délit d’adultère. Elle que l’on sent d’habitude si posée, si responsable, si respectée, se voit soudainement exposée au danger et se doit de multiplier les efforts, quitte parfois à en perdre haleine, pour donner satisfaction à ce poison féminin qui a pris possession de son existence… Deux épisodes en filigrane sont particulièrement révélateurs de l’angoisse qui étreint Ingrid : lorsque son mari force leur petite fille à avouer qu’elle a volé la carabine de son frère (joli plan avec cette petite fille de dos aux abois, le père au second plan qui la tance et la pauvre Ingrid, debout, au troisième plan, effrayée de trouver dans cette scène un miroir de sa propre vie - le mensonge, la trahison, la punition…) ou encore lorsque son mari et ses collègues parlent de leurs expériences en laboratoire sur des anesthésiants (depuis que cette femme a pénétré dans « l’intimité » d’Ingrid, celle-ci perd tous ses moyens : elle est comme paralysée, mourant de peur à l’idée que son mari puisse apprendre la chose - ces expériences « sans douleur » réalisées  sur des animaux pourraient également présager une fin tragique, si jamais la situation venait à échapper totalement à notre héroïne…)

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Ingrid ne sait plus à quel saint se vouer en ce bas-monde (joli petit coup de théâtre à vingt minutes de la fin même si on pouvait s’en douter) et risque de commettre l’irréparable : il y a ce plan lorsqu’elle entre, de nuit, dans la salle de laboratoire et que son ombre fantomatique apparaît au plafond ; l’Ingrid, ayant perdu tout dignité, toute raison de vivre, tout amour touche le fond et quand l’on repense à la fin même de Zweig on se dit que ce dernier avait déjà prévu sa propre porte de sortie… Chronique d’une mort annoncée… à moins qu’un petit miracle, sous forme de prise de conscience salvatrice, ramène l’Ingrid de la mort à la vie. Récit rondement mené d’une femme qui perd pied, avec un Rossellini toujours aussi doué au niveau du rythme, de la construction des plans - le jeu sur les profondeurs de champ notamment - et dans sa direction d’actrice… Haletant - l’adultère, c’est mal, Ingrid, hum, hum…

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