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10 mai 2013

Les Diables (The Devils) (1971) de Ken Russell

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Russell livre une oeuvre esthético-hystérique qui n'a rien perdu de sa fraïcheur. Un univers entièrement en noir et blanc avec simplement ici ou là quelques touches de rouge - les costumes de Richelieu et ses sbires et les quelques tâches sanguines... Visuellement, difficile de ne pas avoir le souffle coupé dès la première séquence devant cette immense décors très stylisé des "murs" de Loudun signé Derek Jarman et cette foule (surtout féminine) prise d'un vent de folie à l'apparition d'Urbain Grandier (Oliver Reed, inspiré) qui vient célébrer la mémoire d'un saint homme protecteur de la ville. Si ce Grandier est un prêtre indéniablement olé-olé - les femmes ont tendance à lui confesser non seulement leurs pêchés mais aussi leur amour... envers lui (et le bougre consomme) - c'est un noyau de cerise comparé à ce qui se trame en sous-main : sur fond de guerre contre les protestants, Richelieu et ses hommes veulent détruire les fortifications de Loudun (qui pourraient selon leur dire abriter des protestants) contre la volonté bien sûr de Grandier défenseur de sa ville et du roi Louis XIII qui avait pris des engagements auprès du saint homme décédé. Tous les prétextes seront bon pour accuser Grandier d'être possédé par le démon (les femmes du couvent de Loudun dont la Soeur Jeanne (Vanessa Redgrave, torturée...) semblent totalement, fanatiquement sous son emprise - leur réaction à chacune de ses apparitions ferait passer les fans d'Elvis pour du lait en poudre) et avec l'aide de membres de l'inquisition (Michael Gothard, possédé...) son procès à charge va commencer... Entre séquences orgiaques et violence extrême - des scènes qui semblent de véritables exutoires pour un peuple facilement en transe (Loudun, la ville de rock'n roll) -, cette vision russellienne du moyen-âge prend souvent des allures d'oeuvre sous acide...

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Et vas-y, oui toi, la nonne, que je me masturbe sur le sexe pendouillant d'un Jésus-Christ éternellement crucifié, et vas-y, oui toi, la nonne bis, que je me sers d'un cierge comme d'un sex-toy, et vas-y, oui toi, l'inquisiteur peu scrupuleux, que je fracasse à coups de marteau les genoux du "présumé coupable" pour qu'il avoue son côté obscur (en vain)... Russell n'y a va pas avec le dos de la petite cuillère à thé pour mettre en images cet univers totalement décadent, cette hystérie collective où l'abus de pouvoir associé aux "hommes de religion" (qui ne laissent jamais leur part aux chiens quand il s'agit de forniquer) prend une ampleur... délirante pour ne pas dire démoniaque. Ca éructe, ça vocifère, ça mugit, ça proteste... Urbain Grandier a beau chercher à se défendre en en appelant la raison de ses juges cagoulés (Ok, il a commis quelques écarts mais il ne peut se résoudre à reconnaître une quelconque responsabilité dans le fait d'avoir cherché à "posséder" cette pauvre Soeur Jeanne (qu'il n'a jamais croisée de sa vie) ou toute autre femme du couvent), ses accusateurs résolument possédés par le mal mettent en place un engrenage qui ne peut que le broyer... Plus il en appelle à l'humanité, à l'honnêteté de ses juges, plus il fait face à un mur (...). Sa ville est vouée à la destruction, à l'implosion... The Wall... of Loudun.

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Même si certaines scènes sont un peu montées à la hache (le résultat des multiples coupures - j'ai vu la version d'une heure quarante-huit - ou la volonté de faire oeuvre psychédélique jusque dans la folie du montage ?), avouons que Russell frappe fort (ah oui, les coups de marteau sur les rotules, po sûr que je m'en remette... mes proches savent à quel point je suis sensible à toutes séquences mettant en scène des marteaux) et réalise une oeuvre inspirée de bout en bout. Sauvage et brut de décoffrage, un film qui fit et fait toujours date...    

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 Horreur humanum est, clique

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