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29 avril 2013

Comédie de l'Argent (Komedie om Geld) (1936) de Max Ophüls

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A trois films de la fin de cette merveilleuse odyssée ophülsienne, est-il possible de découvrir encore une petite perle ? La réponse est oui avec ce Komedie om Geld (film hollandais du sieur) techniquement assez jouissif, scénaristiquement assez foutraque, moralement... euh... distillant une véritable ronde de plaisir (allez, osons) et de désillusions même si l'on est, au niveau de la thématique, peut-être finalement plus près de Madame de(tte)... On fait la connaissance en ouverture d'un gus de cirque (tiens déjà...) qui se fait le narrateur (tiens déjà bis... - prenons un peu de recul, pardon, de distance comme disait ce bon vieux Bertolt - alors qu'un énième moustique qui vit sous la moustiquaire m'empêche de venir à bout de cette chronique : ah mes amis, je souffre pour vous...) de cette histoire : aaaaah l'argent, motif de bien des peines et de courtes joies...

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Ophüls ne pouvait pas enchaîner de pire manière pour m'offulsquer en racontant l'histoire d'un type qui vend son chien - rien ne m'hérisse plus les poils que ce genre de chose, à moins d'imaginer le futur enfant de Boutin et Barjot... Heureusement, j'ai rapidement vu le coup venir de loin et gardé mon calme, comprenant qu'il s'agissait là d'une simple arnaque : à peine le chien remis entre les mains de ce couple de vieux qui pensent que l'amour (même canin) s'achète, vvvvvuuiiit (c'est du hollandais), un coup de sifflet et le chien de revenir aux pieds de son maître... Ah ah, bien joué Max...

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Le pitch est en lui-même assez complexe puisqu'il va narrer l'histoire d'un guichetier de banque qui va tour à tour perdre une importante somme d'argent - un trou dans sa sacoche -, se faire renvoyer, toucher le fond, se faire rappeler étonnamment par les grands directeurs de la banque (la banque, après la mort du grand ponte, a les caisses vides ; les dirlos pensent que le vieux guichetier a mis de côté la thune qu'il a prétendu avoir perdue et qu'il pourrait ainsi, avec ces fonds cachés, couvrir les futurs investissements de la banque - oui, faut s'accrocher un peu...), démissionner (trop honnête, le vieux ne marche pas dans une combine que lui proposent des investisseurs immobiliers peu scrupuleux), retrouver par hasard l'argent, aller en prison puis... Bref, un tour complet de la grande roue du destin accompagné des différents aléas de la vie : quand il est au plus bas il reçoit le soutien inébranlable de sa fille (une grande blonde comme les affectionne le gars Tristan...), quand il est au plus haut, dans son immense palais, il perd son affection... L'argent ne fait pas le moine, oui je sais, je me répète. Il faudrait ajouter à cette trame une foultitude d'épisodes (les aventures du gars inséparable (sauf pour la "bonne cause) de son chien, un gamin des rues qui va avoir un rôle déterminant sur toute l'action - joli épilogue avec ce véritable "gaminus ex machina pro happy end" -, les amours suisses d'un été ensoleillé de la grande blonde, les descriptions du côté sombre du pouvoir financier... et j'en passe) pour avoir une petite idée de la richesse de la chose.

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Certes, il faut reconnaître que le montage d'une séquence à l'autre est parfois terriblement abrupt pour ne pas dire un peu à la tronçonneuse - d'où l'impression de passer parfois un peu du coq à l'âne et de ne plus trop savoir parfois qui est le véritable personnage principal de l'histoire. Au-delà de cette - mini - critique, on se régale aussi bien des virevoltements de la caméra d'Ophüls qui enchaînent travelling avant sur travelling latéral (ce magnifique plan où l'on part de vaches au bord d'une rivière (filmé m'est avis avec une focale particulière mais je suis po un spécialiste en la matière), où l'on traverse des fourrés avant de découvrir enfin deux amants étendus sur l'herbe)), magnifie les gros plans, nous fait le sempiternel coup du 360 degrés, (...) que du génie du montage au sein d'une même séquence (le formidable passage avec les dettes de notre vieux banquier qui s'accumulent et les lettres qui finissent par bourrer sa boîte ; le montage en parrallèle du conseil des actionnaires de la banque qui veulent prendre une décision "radicale" et notre vieux à deux doigts de se pendre ; le rêve surréaliste de notre guichetier devenu boss qui n'a plus la conscience tranquille ; ce palais gigantesque filmé sous tous les angles...). Si l'on a parfois du mal à saisir le fil rouge de l'histoire, c'est aussi parce qu'on s'extasie souvent devant les prouesses et les innovations du Max qui semble bien décidé à tester une idée originale sur chaque plan. La roue tourne, notre guichetier passe par toutes les émotions avant de revenir à la plus saine et la plus passionnante des occupations (pour peu qu'on soit de nature rêveuse) : la pêche - oui, mon gars, la pêche. Loin d'être un fond de tiroir, cette Komedie hollandaise constitue une magnifique pierre de taille dans la filmo époustouflante du grand Max... On est toujours récompensé à force de fouiller, oui, oui...

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Un max de Max, clique

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