Amours à l'italienne (Rome adventure) (1962) de Delmer Daves
Delmer Daves nous offre un sympathique dépliant touristique en Italie avec cette oeuvre qui a bien du mal à ne pas flirter avec le gnangnan... Prudence Bell (Suzanne Pleshette, des yeux faits pour le Technicolor, des jambes faites pour les Telecom...) en a trop marre de ce petite collège étriqué ricain. Elle décide de démissionner et de faire le grand saut : partir en Italie pour espérer trouver l'amour !!!! Les clichés s'enquillent à peine a-t-elle mis le pied sur le bateau (le vieux beau Rital qui lui fait la cour et l'invitera à résider chez une vieille princesse qui fait maison d'hôte, le tout jeune Ricain encore puceau qui tremble de peur en lui adressant la parole...) et cela continuera a peine aura-t-elle mis le pied à Rome (la gérante américaine d'une librairie et son gros toutou qui va l'employer, le type genre Ken (Troy Donahue) au jeu aussi figé que son brushing, un peu bourru au premier abord mais dont elle va forcément tomber amoureuse...). Heureusement (cette fois-ci je ne vais pas oublier de le mentionner), c'est toujours notre ami Charles Lawton Jr à la caméra et celui-ci excelle à filmer l'éternelle Roma et toute autre ville touristique italienne ou musée avec un vrai sens artistique...
C'est bien la seule chose à laquelle on se raccroche vraiment dans ce film plus prévisible qu'un missile nord-coréen qui s'écrase : l'escapade amoureuse entre Prudence et "Ken" dégouline de "dolce vita" à deux dollars (pauvre Fellini qui deux ans avant avait réalisé son chef-d'oeuvre sur la douce cité) et on se prend, à défaut de s'intéresser à la "composition des acteurs" plus plate que la Belgique, à mater les tignasses vintage des donzelles (et une choucroute pour Suzanne, et une choucroute garnie pour Angie Dickinson (dont les yeux noisette font quand même leur effet ; dommage qu'elle joue la pire des garces, plus cliché qu'un personnage sorti tout droit de la série Harlequin), à regarder, effaré, les pantalons "taille haute" (ouah le falzar au-dessus du nombril, man) du vieux beau... Bref on l'aura compris, cette histoire d'amour à l'eau de rosa rosa rosam italienne aussi originale qu'un disque d'Indochine (c'est son premier amour, elle donne tout, mais le type en aimait une autre avant, c'est trop la déception pour elle mais le happy end est encore possible...). Daves a beau essayer de donner du poids à ses dialogues (lors de longues discussions sur l'herbe entre deux bécots d'ado (Prudence est prude... vi) ou devant une vitre contre laquelle les gouttes de pluie qui s'écrasent deviennent les métaphores de rencontres amoureuses, tu vois...), de donner de "l'épaisseur psychologique" à son héroïne qui découvre trop comme la vie est belle parfois et trop comme la vie est injuste aussi, la sauce bolognaise reste froide et difficile à digérer. On achève la chose au forceps en se disant pour tenter de positiver que c'est sympa quand même l'Italie, surtout en ce début des années 60 où les calèches allaient tranquillement leur pas dans les rues quasi désertes italiennes (une poignée de bagnoles au centre de Rome et c'est tout, ouah...). Gentillettissime et chromo...