Victime du Destin (The Lawless Breed) (1953) de Raoul Walsh
Vous connaissez l’histoire de Jesse James, comment il est vécu, comment il est mort ? Eh bien écoutez celle de James Wesley Harding (Rock Hudson, sexy même avec une moustache) qui ne tira jamais qu’en état d’auto-défense et qui se retrouva avec toute la police du Kansas à ses trousses (Do you know the Texas Rangers ? Do you really know the fucking Texas Rangers - the real ones from the XIXth century ? Bon ok). James n’aspire qu’à une vie simple : se marier à la jeune fille avec laquelle il a été élevé, avoir une ferme pour élever des chevaux avec une petite rivière autour et une maison blanche (sous d’autres cieux, à une autre époque, ce sera un garage) et c’est tout. Seulement voilà : James a un père pasteur aussi violent que croyant qui ne rechigne pas à lui mettre quelques coups de ceinture dans la tronche quand il surprend son fils à faire joujou avec un flingue… Un jour, c’en est trop pour James : il veut tout, maintenant, quitter ce père, se marier, bâtir cette ferme… Il ne peut compter que sur son adresse au poker et sur son maniement des armes. Il excelle au jeu, c’est vrai, mais cela crée vite des jalousies ; Rock Hudson of a bitch, croit-on entendre fuser d’un coin de la salle : on cherche à le descendre, il dégaine ; il flingue ainsi un couillon qui a la malheureuse idée d’avoir 3 frères… C’est l’engrenage, la fuite en avant…
Récit classique d’un homme joueur et tireur malgré lui, récit gentiment pimenté par la présence de deux femmes : la femme (Mary Castle) douce, rousse et aimante qui fleure bon la future bonbonne ; la femme (Julie Adams) piquante, brune et aimante qui aime le parfum d’aventures qui émane de ce Rock. Rock n’a d’yeux que pour celle-ci au grand désespoir de celle-là qui ne peut espérer que l’irréparable : la mort de Mary. Et bien justement… et la chtite Julie de saisir sa chance - jolie la transition de la robe verte d’une femme à l’autre si jamais c’est fait exprès. Rock a perdu bêtement, au cours d’une fusillade, l’amour de sa vie, il pourra se consoler dans les bras de cette femme qui n’a pas froid aux yeux et l’aide dans sa fuite… Toute la question est de savoir 1) si vivre en fuyant avec sa petite amie n’est pas lassant 2) si le couple sera jamais capable un jour de s’assagir (James en a toujours rêvé mais ne se fait-il pas finalement des illusions : il semble bâti pour le jeu, pour la vitesse, pour le mouvement… Certes ce n’est pas un tueur, mais est-ce vraiment un saint ? Ne se ment-il point, hein ?). La troisième petite question bonus viendra sur la fin, à savoir si dans l’éducation de ses enfants, on ne répète pas constamment les mêmes erreurs… A voir.
C’est un Walsh honnête, ni déplaisant ni trépidant, qui permet au Rock de faire montre de ses capacités à imposer sa fougue et son charme. Always on the run, le Rock a-t-il jamais une chance d’amasser mousse ? Seules les femmes au final semblent pouvoir l’aimanter et le faire revenir sur terre. Les deux donzelles ont franchement de l’allure à défaut de dégager une terrible sensualité (pourtant, diable, Julie fait des efforts pour montrer ses gambettes). Un Technicolor de la plus belle eau, un Walsh toujours aussi à l’aise pour filmer des chevaux dans le feu de l’action (ça tombe bien, en plus il y a des courses avec l’animal) et un final aussi tendre qu’un gros tapis de mousse - non James n’est pas Jesse et n’a finalement que peu de raison de faire vraiment partie de la légende… Mais honnête, disais-je…
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