Time Table (1956) de Mark Stevens

3 mars 2013

Time Table (1956) de Mark Stevens

Après l'excellent Cry Vengeance, Mark Stevens réalise cet impeccable thriller mâtiné de noir ou l'inverse (dommage que le gars Mark soit ensuite apparemment tombé dans l'enfer de la télé américaine aussi bien en tant que réalisateur qu'acteur...) : des rebondissements à la pelle dans cette histoire haletante où les piqûres des docteurs éliminent simplement les bonnes gens et où les agents d'assurance tentent de s'assurer eux-mêmes un solide avenir de façon guère catholique. Charlie Norman (Mark Stevens) a une donzelle aimante, un job à la coule, un vrai bon pote, seulement voilà il a quarante berges et il cogite : "I failed you", lui dira sa femme aux abois, "You didn't fail me, lui répondra-t-il du wouf au wouf, people change". Ca, c'est vraiment l'excuse mortelle quand tu sais vraiment po te justifier... People change... Pétard, tu m'étonnes qu'il ait changé le bougre : cerveau d'un casse (magnifique séquence d'ouverture dans un train bastiennesque) préparé au millimètre, menteur, tueur, enjôleur... C'est la fuite en avant mon petit bonhomme... Une fuite en avant qui nous donnera un final sanglant dans les allées grouillantes de monde de Tijuana.

On n'en dira pas plus au niveau du scénar, mais en tout cas on ne peut pas dire que les personnages ne soient pas prompts à dégainer leurs flingues. Toi, tu commences à me courir sur le har... et poum, tiens, tu m'énerves. Il n'y a point de vie parfaite malheureusement (la crise du quadra), pas plus que de crime parfait (la crise du cadran) : Charlie avait pourtant un plan imparable préparé à la seconde, seulement voilà, il y a toujours une poussière qui s'infiltre dans l'engrenage et après tout part en vrille... Les associés du Mark merdoient et se font chopper à qui mieux mieux, et le pauvre doit en plus se coltiner son meilleur pote qui est flic (le roublard King Calder is Joe Armstrong, loin d'être con comme la lune) et sa femme qui devient de plus en plus suspicieuse - elle rêvait de passer des vacances au Mexique avec son travailleur de mari, tu parles... Celui-ci se fait au départ tout miel, on croit qu'ils s'aiment comme au premier temps... avant qu'il lui gueule dessus comme au dernier temps. Rude. Le Mark veut la thunasse, la petite pépète (Felicia Farr, craquante de profil) et la liberté en Amérique du Sud ! Il aurait tout de même mieux fait de se saouler à la téquila, le pauvre.

Entouré par de très solides seconds couteaux (le torve Wesley Addy, la masse gouaillante Alan Reed et donc le roi Cader), Stevens, devant et derrière la caméra, livre, l'air de rien (Charlie est loin d'être un gros bras et la réalisation demeure d'une belle sobriété : joli jeu, cela dit en passant, comme l'illustrent les différents photogrammes alentour, sur la mise en scène des personnages sans jamais que cela paraisse artificiel) un excellent polar quelque peu oublié des tablettes. Conseil de Shangols (même pour ceux qui nous haïssent) : programmez-le, ohoh.