Le Masque du Démon (La Maschera del Demonio) (1960) de Mario Bava
D'où vient le fait que beaucoup de film d'horreur me fassent rire quand beaucoup de supposées comédies me font peur... Attention Bava n'a pas à rougir avec ce Masque du Démon d'assez belle facture : un noir et blanc et des lumières soignés, quelques effets spéciaux particulièrement réussis (le vieillissement et le rajeunissement de Katia dans la scène de "transfusion"), un "set design" de qualité, des mouvements de caméra souvent d'une belle fluidité - bon dommage que l'usage des zooms ne soit pas encore interdit par la loi... bref, des éléments qui, dans la forme, sont parfois négligés dans le genre. Malheureusement, de l'autre côté de la balance, on a droit à des maquillages à la faucille et à la truelle, une musique claydermanesque lors d'envolées lyriques à vomir, des dialogues souvent du niveau d'Hélène et des garçons ("Katia, quant tout sera fini, j'aimerais te dire quelque chose"... et hop une page de pub... Ah non la bougresse baisse la tête toute en gêne pudique) et surtout, surtout une direction et un jeu "d'acteurs" affreux affreux affreux : qu'il s'agisse de ce jeune premier Andreï qui bouge aussi mal devant la caméra que je respire sous l'eau (tout ce qu'il fait, qu'il ait à se retourner ou à s'arrêter, il le fait brusquement : on dirait un gamin qui obéit à des ordres avec, cerise sur la gâteau, toujours trois secondes de retard sur le timing ("arrgghh" crie-t-elle, 1, 2 et 3... hop, je me retourne... 1, 2 et 3... je cours la sauver...)) ou de cette pauvre Barbara Steele aux rondeurs certes avantageuses (unfortunately, dès qu'une créature diabolique met la main sur son corsage pour l'arracher, il se passe toujours une connerie dans le château pour détourner le monstre de son but... frustrant, franchement, pour ne pas dire malhonnête : nous priver de la seule chose intéressante dans sa valeur d'actrice, c'est petit) en passant par tous ces personnages qui dès qu'ils sont damnés se déplacent comme s'ils avaient de l'arthrite - ce n'est pas en essayant d'imiter la démarche du caméléon et en roulant des yeux au passage que tu impressionnes forcément - dit-il depuis qu'il s'est découvert une passion pour les insectes et les animaux en voie de disparition comme le pangolin...
Bon ensuite, il y a l'histoire, une histoire de "couple maudit" ("belle" scène d'ouverture avec ce bourreau qui écrase de sa masse ce masque sur le visage, giclant, de la démone... ah si, franchement) qui revient hanter le présent... Bon, un château, deux docteurs, des servants qui courent, des passages secrets, c'est un peu le b.a.-ba du genre et on se lasse assez vite de la chose en essayant plus de voir comment le gars Bava a monté techniquement sa séquence que de s'intéresser à l'histoire (ouais, cela n'aide pas à s'investir dans l'atmosphère et à frissonner)... On préférait l'ambiance dans la forêt puis dans la crypte avec tous ces "mystères" et cette ambiance chelou au début du film... Enfin bon, Bava fait son entrée sur Shangols et ce n'est pas volé, même si le gars m'a laissé sur le coup avec le sang tiède.