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Shangols
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12 avril 2013

Sugar Man (Searching for Sugar Man) (2012) de Malik Bendjelloul

Difficile d'évoquer la trame de ce documentaire sans lever le voile sur l'effet de surprise. Disons simplement que des passionnés sud-af partent à la recherche d'un certain Rodriguez, musicos s'étant suicidé sur scène dans les années 70. Si le gars - genre de songwriter à la Dylan - a connu une carrière fulgurante aux States (deux albums) sans connaître le succès, il fut considéré comme un très grand à l'époque (par ses chansons qui respirent l'esprit libertaire) par la jeunesse anti-apartheid de ce pays africain. On évoque les paroles de ses chansons, l'engagement auprès du "peuple d'en bas" de ce musicos ouvrier à ses heures, sa simplicité... et son génie (après chacun voit midi à sa porte)... Pendant trente minutes, on enchaîne les interviews tout en essayant de trouver dans ses chansons des traces de son parcours, de son histoire... Le film prend soudain un tournant inattendu (cherchez pas, ou faites sinon comme si de rien n'était) et parviendra par la suite à nous saisir à la gorge au détour d'images d'un certain concert (j'en dis pas plus, nom de Dieu, vous êtes pénible). Il n'y a là formellement rien d'extraordinaire même si l'on se laisse peu à peu gagner par les chansons du gars en fond sonore... On tente forcément de maintenir au max le suspense, comme pour mieux nous donner le temps de faire connaissance avec cette histoire filante des seventies, avant de lâcher l'info choc (nan, c'est po ça). Un peu facile, oui, mais tellement rocambolesque qu'il est bien difficile de ne pas être touché par le portrait de ce type qui semblait, qui plus est, être l'humilité incarnée... Simply moving et merci au gars Peter Graffine de m'avoir mis sur la piste de cette jolie petite chose musicale et inattendue.   (Shang - 11/02/13)

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Complètement charmé moi aussi par ce doc aussi palpitant qu'émouvant. Le récit, sorte d'enquête policière pleine de suspense (mais où est Rodriguez), est déjà captivant en soi ; mais Bendjelloul a une façon bien à lui de raconter, et ajoute un vrai sens de la mise en scène à son histoire. Au milieu des classiques plans d'interviews cadrés et éclairés très à l'américaine, il insère de vrais élans poétiques qui font mouche : en laissant toute leur place aux chansons par exemple (même si on regrette de ne pas les entendre en entier), ce qui fait de ce film autant un doc sur la musique que sur le gusse en question. Les chansons, souvent très belles, sont le personnage principal de la chose, et on les entend avec un superbe sens de la distribution au cours du métrage. Bendjelloul les met en scène grâce à un  procédé improbable, mélange d'images de synthèse (y compris pour montrer des scènes très banales, un gars qui débarque sur le tarmac d'un aéroport par exemple), de tableaux à la Jarmusch (superbes travellings, figure de style principale du film, filmant un gars dans la neige par exemple), ou de simples évocations qui prennent la ville et le territoire comme appui. Car Sugar Man, c'est ça aussi : filmer un territoire, en l'occurence Detroit, les quartiers ouvriers un peu désaffectés, les longues rues désertes, et mettre en valeur "l'absence" mystérieuse de Rodriguez en montrant les lieux qu'il a traversés presque comme des lieux hantés. Quand l'émotion atteint son paroxysme, dans le dernier quart (je n'en dirai pas plus que mon camarade, même s'il me semble que le secret est bien éventé aujourd'hui), elle est d'autant plus forte : on a guetté des lieux vides, et soudain, la foule apparaît. La musique de Rodriguez est idéale pour rehausser la grande noblesse des sentiments qui sont mis en oeuvre ici, modestie, force morale, courage, joie des choses simples, abnégation... Une histoire incroyable et assez bouleversante, un film très inventif et personnel, que demande le peuple mélomane ?   (Gols - 12/04/13)

searching-for-sugar-man

Commentaires
S
Ce qui rend le truc touchant - dans notre beau monde "téléréalitaire" d'aujourd'hui -, c'est qu'il y a une foule de gens sans talents qui se croient "célèbres" alors que tout le monde (de plus de 12 ans - physiquement ou mentalement) s'en branle et qu'il s'agit là de l'histoire d'un gars avec un vrai talent qui ne se croyait pas célèbre alors qu'une foule - sud africaine - de gens lui vouait un culte. Belle morale, CQFD.
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N
Bon, un peu à la bourre, je vois ce Sugar Man. En dehors du très bon, décrit par vous-mêmes, j'ai été un peu déçu par les animations en ombres chinoises, bien cheap et pas vraiment dans le ton du truc. Et au bout d'un moment, on commence à sentir qu'ils n'ont plus trop de vidéos donc ils passent un diaporama, comme mon tonton qui rentre de vacances. Et ayant vu entre temps que le réal avait un peu romancé l'histoire, ça n'a pas aidé. Mais de touchante histoire, c'en est une, assurément !
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S
Fat city est sur ma table de chevet, je ne manquerais point de prêter attention à cela à sa vision - merci Lalka pour ce commentaire pointu.
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L
Avez-vous remarqué que ce Sixto Rodriguez prend une sérieuse droite face a Stacy Keach dans le formidable Fat City (1972) de John Huston ?
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