LIVRE : Cinéma, Autopsie d'un Meurtre de Pascal Mérigeau - 2007
Pascal Mérigeau s'est récemment mis en colère, parfois excessivement, contre la légende Jean Renoir ; avant cela, il s'était montré tout aussi furibard, et avec nettement moins de nuance contre le cinéma tel qu'il se pratique de nos jours par la majorité. Il avait fait de cette colère un pamphlet portant légèrement le titre de Cinéma, Autopsie d'un Meurtre. Bien. Pour Mérigeau, donc, le cinéma, le vrai, celui fait par des artistes, est mort ; la télé, le business, le capitalisme, la publicité, la médiocre qualité des critiques complices du pouvoir et l'acceptation des masses blafardes de spectateurs puérils en sont la cause. Il assène ainsi ce genre de vérités de café du commerce au cours d'un pamphlet virulent rappelant comme c'était mieux avant, du temps de Bogart et de Maurice Pialat, et comme c'est tout pourri maintenant, au temps des Bronzés 12. Et à la longue, c'est fatigant. Non seulement ça sent le réac à plein nez, mais en plus cette indignation, même parfois complètement justifiée, finit par ressembler aux vitupérations sans but de "celui qui sait" envers ceux qui ignorent. Donneur de leçons comme c'est pas permis, le gars tape à la règle sur les doigts de ces fausses vedettes, de ces cinéastes au rabais qui n'ont jamais vu un film de Murnau, sur ces faux producteurs qui ne sont que des vendeurs de produits destinés aux masses, etc etc. Il a tout à fait raison, comprenons-nous bien, de pointer les dérives de la mondialisation des goûts dans le cinéma, de préférer L'Esquive à Camping et de raconter point par point comment le cinéma à l'ancienne a été étouffé par les financements venus de la télé. Mais tout est une question de ton et de nuance : en ne relevant aucun contrepoint positif (on dirait que le gars n'est plus allé au cinéma depuis 1985, pour livrer un portrait aussi désabusé de la qualité du cinoche, français notamment), en se plaçant toujours systématiquement au-dessus des autres (et pourtant, rappelons que le gars écrit pour Le nouvel Obs, pas tout à fait à la pointe de la critique cinématographique tout de même), en se gaussant du cinéma commercial sans aucune subtilité, Mérigeau se tire une balle dans le pied. On a envie de lui suggérer de changer de taff s'il ne parvient pas à voir de films intéressants, et d'arrêter de nous gronder de ne rien comprendre en allant voir Spielberg. Un livre de papy pas commode : il suffit de feuilleter 2 pages d'un Cahier du Cinéma pour voir combien certains comprennent mieux la modernité que d'autres...