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7 février 2013

LIVRE : Entre Amis (Beyin Khaverim) d'Amos Oz - 2012

97820701393231Un livre qui passe comme un souffle, par manque de consistance diront les grincheux, par son sens de la finesse diront les gentils. Je suis un peu entre les deux, mais j'avoue que ce modeste recueil de nouvelles, qui sur le coup m'ont paru un peu fades, me reste comme un moment très doux qui jongle avec l'indicible et préfère évoquer plutôt que définir. 8 textes, donc, qui se déroulent tous dans un kibboutz pendant l'ère Ben Gourion, et traitent du minuscule quotidien de ses habitants. Pas réellement de politique là-dedans, aucun engagement quel qu'il soit, mais une succession de portraits attachants de ces Juifs attachés à leur communauté ; pourtant, on sent bien les désillusions que Oz ressent devant la déréliction des valeurs traditionnelles du kibboutz. La plupart des nouvelles prend acte d'un abandon moral, d'un échec vis-à-vis de l'utopie : les couples se délitent, les jeunes rêvent de quitter la communauté pour faire leur vie en Europe, le monde s'écroule autour d'eux, et seule une poignée de vieux convaincus s'accroche encore au passé. Oz raconte tout ça mine de rien, avec une écriture simple, avec des sujets qui paraissent à première vue banals, terminant chacun de ses textes portes grandes ouvertes vers le questionnement. On dirait qu'il ne fait que prélever quelques tranches de vie, prises en leur milieu, et qu'il nous les laisse à questionner, sans rien nous dire. Mais peu à peu l'amertume et la mélancolie sortent de ces textes sans façon. Est-ce vraiment un recueil de nouvelles, d'ailleurs ? Les personnages de chacune d'elles ne cessent d'apparaître dans les autres, tous se croisent et se connaissent, et là encore, Oz est excellent pour définir la communauté non seulement comme un refuge moral, mais aussi comme une prison à ciel ouvert, où chaque acte de ses habitants engage l'ensemble du kibboutz, et où on ne peut pas agir sans que tout se sache. Un fond assez violent, finalement, mais des histoires racontées avec une grande douceur, un grand talent pour dessiner les portraits et une grande modestie. Bien bien bien.

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