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Shangols
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8 février 2020

L'Invasion des Profanateurs de Sépulture (Invasion of the Body Snatchers) (1956) de Don Siegel

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Excellent, ce petit film de genre vintage signé Don Siegel : et si du jour au lendemain, tous vos voisins devenaient complètement cons, sans affect, sans amour, sans pitié, sans désir ? Etait-ce déjà le cas avant ? Bon il n'y a alors pas d'urgence. Sinon, vérifiez qu'il n'y a pas une gigantesque cosse qui traîne dans ses poubelles : votre voisin a été body snatché et, cette nuit, ce sera surement votre tour. Gardez un oeil ouvert, ne vous endormez plus... Il est bien difficile en tout cas pour le Dr Miles et la sémillante Becky Driscoll (Dana Wynter) de devoir se méfier de toute une ville ; faut dire qu'ils ont été un peu long à la détente. Quand plusieurs personnes viennent vous voir en disant qu'ils ne reconnaissent plus leurs proches ou encore lorsque vous ne vous posez pas plus de questions que cela en découvrant chez votre pote un cadavre sur sa table de billard en train de "se transformer", il est clair que vous risquez un jour de tomber de haut : HELLO ! il se passe quelque chose de pas commun. Je me disais aussi... Trop tard, toute la ville est contaminée, come on Becky, il ne reste plus qu'à fuir, il nous faut alerter les villes voisines avant que les cosses géantes envahissent le monde... Mais comment ne pas se faire prendre pour un gros malade mental en criant "les cosses géantes sont dangereuses" ! Pas gagné d'avance...

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J'aime cette première partie, toute en petites choses banales, avec ce Docteur, divorcé, qui retrouve son amour de jeunesse, divorcée (ils ne sont plus dupes... Ils savent ce que cela veut dire de perdre "l'amour", ils sauront ensuite de quoi on parle) ; ils flirtent dans cette petite ville paisible malgré les patients du docteur de moins en moins patients (ma mère n'est pas ma mère... mon oncle n'est plus mon oncle !) puis qui rentrent gentiment dans le rang (hum, hum mystère tout de même). Ils s'en foutent, ils s'aiment et aimeraient bien déjà être seuls au monde... Ben c'est justement ce qui va leur arriver, avec toute cette meute de gens à leur trousse pour qu'ils deviennent comme eux : issus d'une cosse géante régénératrice ! Bien aimé dans le final cette pauvre Becky qui tente de passer pour une "cossarde" : malheureusement elle se trahit en s'émouvant devant un chien à deux doigts de se faire écraser... Eh oui, car vous l'aurez compris, dans ce Meilleur des Mondes, plus de place pour l'émotion, la peur, l'amour... Nos deux héros se réfugient dans une mine aux allures de grotte, s'enterrent vivant pour échapper (serait temps de revenir à notre humanité primaire...) à la horde en folie, luttent comme des malades pour ne pas fermer l'oeil et devenir à leur tour complétement cons (gentille petite métaphore toute en souplesse).

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Heureusement Siegel ne s'attarde pas sur les effets spéciaux - bonne idée  : les cosses géantes qui moussent dans la serre, mouais, le garagiste qui cachent mine de rien en un clin d'oeil deux cosses géantes dans le coffre du Docteur... Mouais, fendardes ces cosses quand même... - et laisse se dérouler ce scénario catastrophe sans avoir besoin de (sur)charger son message (sympathique, ce nouveau petit couple d'amoureux qui s'émeut d'un monde sans amour : "oh ben dur"...  Mais ce sera pour votre bien, putain, l'amour dure trois ans voire encore moins, vous verrez, un barbu un jour l'annoncera !!!!!!"). Ouais ne pas s'endormir. Merci du conseil Don, c'est malheureusement toujours d'actualité (Les Russes ont-ils cossé Depardiou ? Marine Le Pen a-t-elle cossé les français avant leur interview dans le monde sur les étrangers ?), d'autant que les cosses transgéniques çacomme, elles n'ont plus besoin de venir de l'espace, on les trouve déjà sur Terre. Les body snatchés nous ont déjà envahis alors ?...   (Shang - 26/01/13)

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Mais oui, un vrai plaisir vintage que ce film fantastique plutôt effrayant et finalement assez prophétique. Siegel et ses scénaristes font preuve d'une belle subtilité pour parler du lissage de la société américaine, de son insensibilité grandissante et de la sorte de torpeur qui gagne son pays dans ces années 50 un peu angoissantes. La menace de ces extra-terrestres, finalement, n'est pas terrible, et les humains, une fois métamorphosés, semblent être tout à fait heureux, ou en tout cas vivre dans un état végétatif parfaitement satisfaisant. C'est toute la différence de ce film avec les remakes qui suivront : la transformation de l'humanité n'est pas effrayante, et c'est presque ses réfractaires qui s'avèrent les plus dingues. Le héros et sa jolie fiancée, poursuivis par cette horde de gens ordinaires gagnés par l'apathie et l'absence de sentiments, apparaissent bien plus nerveux que leurs poursuivants, et on est prêt même, à certains moments du film, à adhérer à leur vision de l'avenir sous opiacées. Seulement voilà : comment renoncer à l'amour ? C'est bien le noeud du problème (d'autant que le Dr Miles n'a pas encore consommé avec la sémillante Becky, et que ça serait trop bête). J'ai aimé les mêmes choses que mon compère, cette patine vieillotte et délicieuse qui rend dangereuses des pauvres cosses de haricots en plastique, cette scène terrifiante de citoyens lambda poursuivant les derniers survivants, le cynisme rigolard des réflexions sur l'amour, le côté anxiogène du scénario, l'absence complète de véritables effets horrifiques au profit d'une angoisse diffuse... Même si on peut préférer la plus grande frontalité du remake de Ferrara, il y a dans ces films de série des années 50 un charme suranné, qui n'exclut pas le savoir-faire technique et l'intelligence d'écriture. Satisfait.   (Gols - 08/02/20)

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