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Shangols
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20 janvier 2013

Parlez-moi de la Pluie et laissez-moi écouter (Sprich zu mir wie der Rege) (1975) de Douglas Sirk et Hajo Gies

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Adapté de Tenessee Williams, ce court pour cours estudiantin réalisé par Sirk se focalise sur deux individus échoués dans une chambre : un homme, alcoolique, qui espère ne pas avoir déjà dépensé tout l’argent de son chômage (vu l’histoire qu’il va raconter, il y a de forte chance qu’il se soit fait plumer) et une femme qui aimerait tant être ailleurs, qui aimerait tant ne plus vivre dans la peur, dans la peur qu’il ne revienne un jour, dans l’angoisse de cette vie quotidienne…  L’homme, dans un monologue hésitant, tente donc de recoller les morceaux de sa dernière soirée et vu les éléments qu’il se remémore (le fait de se réveiller dans une douche avec des glaçons n’est jamais bon signe, les habits épars d’hommes et femmes, les cadavres de bouteilles) il y a toutes les chances pour qu’on ait la bombe à ses frais… La femme prend alors la parole et celle-ci, plutôt que de se replonger dans un passé récent glauque, se met à évoquer ses rêves d’avenir : vivre tranquille, vivre seule, sans plus de souci, en laissant les jours couler sur elle, sans plus d’attente, être simplement ailleurs, incognito ; on sent bien qu’elle aspirerait à se détacher de cet homme, de cette vie poisseuse mais les deux êtres, une fois leur récit achevé, finissent par se rejoindre, là, au présent, au milieu de cette chambre qui constitue leur univers…

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Un dénouement à la fois fort (leur attachement l’un à l’autre, malgré tout) et pathétique (la caméra de Sirk se dirige vers la fenêtre pour cadrer dehors la pub au néon Coca-Cola : tout le rêve américain semble être ainsi résumé, par ces histoires, par ces espoirs, par cette réalité triste à mourir… Quand on a que l’amour…  Sirk parvient à tirer une nouvelle fois partie de tous les éléments de décors (le lit en fer, le miroir dans lequel apparaît le reflet de la femme comme si elle n’était déjà plus qu’une ombre, la fenêtre - encore et toujours chez Sirk ouverture éventuelle sur la liberté), et règle au millimètre la chorégraphie des deux personnages (l’homme au lit, puis la femme, puis cette dernière qui l’invite à la rejoindre). Quinze petites minutes en forme de « leçon cinématographique» parfaitement maîtrisée…  Ces trois dernières œuvres courtes de Sirk apparaissent définitivement comme des concentrés de son art.

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