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13 janvier 2013

La Porte du Diable (Devil's Doorway) (1950) d'Anthony Mann

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On est avec du beau monde (Mann, Alton à la photo toujours aussi virtuose (en particulier dès qu'on lui donne une fenêtre dans le décor), la divine Paula Raymond et le solide Robert Taylor dans le rôle de Broken Lance (rien à voir avec Armstrong, l'un gagne en trichant, l'autre est prêt à tomber loyalement) et on a droit à un bien beau western pro-Indien qui fait toujours plaisir. Taylor s'est battu dans l'armée, a gagné ses galons de sergent et veut revenir, simple Indien, parmi les siens. On comprend rapidement, dès l'une des toutes premières séquences, que l'ami Broken Lance n'a pas que des amis (en particulier un fumier d'avocat - excellent Verne Coolan qui déborde de racisme par les moustaches - présent alors "au premier plan" et qui guette Broken comme un aigle) ; Broken s'en fout, il veut simplement aller vivre paisible sur son territoire - le bien nommé "Sweet Meadows"  - sans avoir à croiser ce genre d'oiseau de mauvaise augure... Le gros problème c'est que le Wyoming fait dorénavant partie des Etats-Unis et les Indiens n'ont aucun droit sur leurs terres ancestrales. Bref, c'est la panade et même si l'ami Broken Lance a la bonne idée d'aller voir une avocate (la foudroyante Paula Raymond) pour tenter de le défendre, on comprend rapidement que cela risque d'être peine perdue. Un bon Indien est un Indien mort ou au mieux en réserve (j'allais dire en conserve, c'est pareil...). Broken Lance entre en résistance et ne veut pas céder un pouce de terrain à des éleveurs de moutons aussi couillons et niais que leur troupeau. Rester sur sa terre, quitte à y mourir, là, maintenant, sous les balles, c'est son credo.

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On admire dans ce film aussi bien les scènes sombres comme les ténèbres (la mort du père de Broken, Broken souvent filmé dans l'ombre) que celle lumineuses comme une apparition de la Vierge (le dernier face à face troublant entre Taylor et Raymond... On savait, depuis ce magnifique plan ci-dessus sur le jeune Indien épuisé, qu'ils finiraient par s'entendre pour s'occuper des plus faibles...), les subtils travellings arrière (dévoilant la horde de cow-boys rechargeant leur fusil avant d'attaquer notre ami l'Indien), les jeux sur les premiers plan - ces white men qui envahissent l'espace -, les simples contre-plongées, les séquences d'action "dynamitées"... Bref, toute l'armada grammaticale de Mann au profit d'une histoire simple et claire : pourquoi venir faire chier ces pauvres Indiens qui ont tout fait pour s'adapter, pour montrer leur attachement au drapeau ? Il y aura toujours des gros lourds de moustachus qui viendront manifester leur intolérance sur des sujets qui les dépassent. L'avocat sort l'artillerie lourde contre notre Lance déjà brisé par la mort de son père et par le racisme ordinaire, et même l'aide de la Belle Paula ne suffira point pour empêcher la tragédie - son intervention empêchera tout de même le massacre des femmes et des enfants, mieux que rien... Les diables ne sont point ces Indiens vivant pacifiquement, avec leur croyance ancestrale - attachés à leur terre comme un cachalot à sa mer - mais bien ces envahisseurs blancs prêts à tout pour vivre "comme des moutons", à tout détruire pour se développer. Diablement efficace et irréprochable dans le fond.

 

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