Looper de Rian Johnson - 2012
On part d'une idée vraiment crédible : dans le futur, pour se débarrasser des criminels, on les envoie dans le passé pour se faire descendre par des tueurs professionnels, les loopers donc. Mais un jour, tenez-vous bien, un de ces loopers se voit expédié son propre moi en plus vieux, chargé d'éliminer Sarah Connor, enfin un enfant responsable d'horreurs futures, voyez le genre. Sur ce concept de base qu'on pourrait qualifier de pialatesque, Johnson brode une sorte de Terminator du pauvre, avec force paradoxes temporels et moult intrigues à tiroirs se riant follement des anachronismes et invraissemblances. Le souci, c'est que Looper est moins fun que Terminator, et Bruce Willis nettement plus chiant que Schwarzenegger. Le film se traîne en longueur, incapable de nous donner notre ration d'action, de suspense ou de comédie, curieusement plat et terne. A l'image de son héros, Bruce Willis, dont le jeu fatigué commence à prendre des signes d'usure (dix ans qu'il nous sert ce corps affaissé, ce regard de cocker et ces rides apparentes), l'ensemble avance à deux à l'heure, égrénant à rythme régulier des coups de théâtre attendus et pas vraiment emballants ; à l'image de son autre héros, Joseph Gordon-Levitt, au visage aussi expressif qu'une dinde de Noël (et maquillé comme le mime Marceau), il manque cruellement d'aspérités, d'un quelconque caractère, voire même d'une direction. L'arrivée d'un môme aux super-pouvoirs (rarement vu un petit acteur aussi crispant, on n'attend qu'une chose : que Bruce l'explose) ou d'une palôte histoire d'amour n'y feront rien : on reste dans le mou de veau. Ce Rian Johnson est cinéaste comme je suis ébeniste, à mon avis, convaincu que son scénario, pourtant médiocre et mal fini, suffira à faire un bon film ; il eût fallu qu'il réfléchissasse aussi deux secondes à sa mise en scène et à sa direction d'acteurs. On aurait alors peut-être eu un honnête divertissement sans façon ; là, on n'a qu'un moment de mortel ennui, avec des bouts de Bruce Willis dedans.