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27 décembre 2012

Frankenweenie de Tim Burton - 2012

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Tim Burton semble voir définitivement déménagé sur la planète des Bisounours, les amis, et je crois que c'est une mauvaise nouvelle. Il a beau tenter, avec Frankenweenie, de revenir aux motifs qui ont fait sa gloire (il y a quelque chose d'un peu triste à la voir désespérément revenir à un de ses courts-métrages de jeunesse, comme si la nostalgie de ses grandes heures avait fini par le gagner), il ne trompe personne : la causticité morbide de jadis s'est transformée en un petit ton lissé qui lui va bien mal, et ses monstres n'ont plus rien de dérangeant.

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On ne voit pas trop ce qui manque à ce film pour qu'il ressemble à ses glorieux aînés burtoniens. Tout y est parfait, de l'animation des personnages au noir et blanc vintage, de la musique de Elfman à la beauté des personnages secondaires. Burton est excellent quand il s'agit, en un coup de crayon, de dessiner une personnage intrigant : la petite fille squelettique aux grands yeux et son chat effrayant, le professeur de science à la Christopher Lee, la dépressive gothique (magnifiquement mise en voix par Wynona Ryder), le nabot monstrueux, tous sont vraiment bien vus et drôles. Le film regorge de clins d'oeil à des classiques de l'épouvante, jusqu'à frôler la liste un peu vaine, et on s'amuse bien à vérifier sa cinéphilie compulsive via une réplique, un tout petit motif ou une note de musique. Le cinéaste est présent dans quelques jolies scènes d'action (la scène de base-ball et la mort du chien), et on sent qu'il n'est pas très loin de ce ton morbide si efficace naguère. Le sujet même du film est typiquement burtonien : un gosse perd son chien fidèle puis le ressucite, déclenchant une série de résurrections monstrueuses dans sa petite ville. Une nouvelle fois il est question de renoncement à son enfance, de combat contre la mort, de solitude. Même si ça ne va jamais bien loin, on sent la part de douleur que le gars met dans ce film, à commencer par ce joli "film amateur" qui ouvre Frankenweenie, hommage gondryesque au bricolage et aux trucages vintage.

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Pourquoi ça ne marche pas, alors ? Peut-être par manque de sincérité. Avec le temps, Burton est devenu un cinéaste bankable, et il fait maintenant autant du commerce que du cinéma. Le soufre de Edward Scisorhands ou de Mars Attacks est bien loin dans cette petite copie en plus populo de l'univers du gars. Ici, on aura droit à une version gentiment édulcorée et disneyenne des inspirations morbides dérangeantes d'avant, et on y perd beaucoup au change : Burton copie en pensant que ça suffira, mais son film est commercial, lisse, gentil, là où il aurait dû être corrosif et génant. Du coup : grosses baisses de rythme, laisser-aller dans la surenchère facile (le bestiaire usé qu'il déploie lors des scènes finales), montage beaucoup trop rapide (où sont les beautés lentes du Nightmare before Christmas ?), timidité étonnante quand il s'agit de se coltiner à son sujet (on ne voit pas la mort, mais juste des symboles d'icelle). On ne frémit jamais, on rigole rarement, on soupire sans cesse en rêvant que Burton redevienne ce gamin déviant et torve qu'il était avant de devenir directeur de firme.

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