Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
5 décembre 2012

Docteur Jekyll et M. Hyde (Dr Jekyll and Mr. Hyde) de Rouben Mamoulian - 1931

tumblr_md8l74Ubkq1qzuw9ao1_500
Le compère Mamoulian est décidément fasciné par les doubles personnalités : après Zorro, le voilà aux prises avec le mythique Docteur Jekyll et son alter-ego négatif, et c'est tout autant réussi. Le film regorge d'expérimentations en tous genres, et contient en plus un fond gentiment sulfureux bien agréable. Pour Mamoulian, cette histoire est avant tout celle d'une frustration sexuelle : si Jekyll devient Hyde, c'est parce que son mariage avec sa gorette est sans cesse repoussé par un beau-père aride, et que la coupe déborde. Cadrant subtilement et sans arrêt sur des marmites qui débordent, des éprouvettes qui gouttent ou des fumées qui s'échappent de soupapes chauffées à blanc, le cinéaste ne se gène pas pour charger son film d'une atmosphère hyper-sexuée. Le summum est atteint avec cette séquence toride où Jekyll prend la défense d'une pauvre fille maltraitée (Miriam Hopkins, la "bitch" incarnée), et où notre gars, subissant un énième coïtus interruptus à cause de cette moralité qui vient sans cesse le harceler, se retrouve obnubilé par le balancement de la jambe de la donzelle (voir image). C'est véritablement cette image qui va le faire passer de l'autre côté, et Hyde va se trouver être l'incarnation physique de cette sexualité bridée qui trouve enfin sa liberté : sauvage, libidineux, pervers, simiesque, le monstre ne cherche qu'à dominer sexuellement la pauvre Ivy ; il est vraiment le versant pornographique du sensuel Jekyll.

Dr
Mais par-delà ce message amusant, il y a les essais formels de la chose, et c'est un festival. Ca commence avec une longue séquence d'ouverture en travelling subjectif de toute beauté (surtout quand l'acteur passe devant le miroir : c'est là qu'on découvre son visage). Bon, il est vrai que ce bazar n'est là que pour l'esbroufe et ne sert strictement à rien ni pour le récit ni pour le suspense ; Jerry Lewis, dans sa version à lui, se livrera à la même technique avec autrement plus d'intelligence. Mamoulian, lui, s'amuse comme un fou avec ça, mais sans que ça n'amène rien. Il y a également de splendides fondus enchaînés, infiniment lents, qui permettent d'inscrire durablement une image par-dessus une autre, comme une obsession qui n'arriverait pas à quitter l'écran : c'est le cas de ces fameuses gambettes-balancier qui obnubilent Jekyll, mais les exemples sont pléthore et souvent à bon escient. Et puis, comble de la modernité, il y a, mais oui, des split-screens à gogo, qui eux non plus ne servent pas à grand-chose, mais amusent au moins l'oeil, ce qui est déjà ça de pris. Respects aussi pour les effets spéciaux, lors des transformations de Jekyll en Hyde : gros plans sur le visage, et métamorphose en live du meilleur effet.

drjekyll193209
A part ça, eh ben c'est l'histoire classique, hein, je vais pas vous résumer l'intrigue. Notons que l'acteur, Fredric March, s'en donne à coeur joie, autant dans le tourment intérieur (et de slip) de son Docteur que dans les excentricités violentes de son Mister. Il en fait assez, dirons-nous, mais on rigole bien à le voir bondir sur des gendarmes effarés ou terroriser la blondinette de service. Le scénario n'apporte pas grand-chose au texte de Stevenson, mais c'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe, et on retrouve avec plaisir cette bonne vieille histoire de dualité quasi-mystique. Un film qui vaut de toute façon mieux pour sa forme que pour son fond : on en prend plein les yeux, complètement gratuitement, alors youpi.

drjekyll193210

Commentaires
Derniers commentaires