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27 novembre 2012

La Cible humaine (The Gunfighter) (1950) de Henry King

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Dans tout bon vieux western classique, il est question d'attente. Peck is Jimmy Ringo, le tireur le plus rapide de l'ouest et c'est sa malediction. Il pourrait être ici question de fusillades, de moult réglements de compte, de dizaines de cadavres faisant des roulés-boulés dans le sable ; il n'en sera rien. Ou tout du moins en cinq minutes ce sera plié. Un jeune con provoque Greg dans un bar, fait le mariole, dégaine, perd un morceau de son coeur. Les trois frères du jeune con partent à la poursuite de Greg, celui-ci les attend au tournant, l'un d'eux perdra un doigt, la messe est dite... Pauvre Peck éternellement précédé par sa réputation (toujours un gazier avec trois poils à la moustache qui se prend pour un ours et qui veut avoir la gloire de le descendre dans n'importe trou du far-west) et éternellement suivi par des cow-boys, animés par la vengeance, couillons comme des huîtres. Notre gars n'aspire qu'à une chose, boire pénard son whisky au comptoir et revoir celle qu'il a bêtement quittée il y a huit ans, celle avec laquelle il a eu un enfant... Malheureusement, sa (mauvaise) réputation le précède et le Greg devra attendre et encore attendre avant que la belle se décide à lui adresser deux mots... King n'est pas un manchot pour mettre en scène cette fameuse attente en faisant graviter autour du Greg, qui ronge son frein, une poignée de personnages, véritable concentré de l'humanité : les voyeurs, bien sûr, enfants ou adultes, qui assistent en spectateurs au non-spectacle de cette légende vivante, l'éternel jeune abruti du coin, les rombières de service, le shérif droit dans ses bottes (impec Millard Mitchell), le type à la coule auquel on paye volontiers un whisky, le vieux vengeur bête et têtu comme une teigne, l'assistant shérif trouillard comme une taupe, la bonne amie toujours prête à tenter l'impossible ou encore l'éternelle aimée qui hésite entre deux hommes : celui qu'elle a aimé et qui l'a fait tant pleurer et celui qu'elle a fait et qu'elle ne veut pas pleurer. Ouais Greg, tu veux te ranger, mais tu as vu la meute d'assoiffés qui suivent ta trace...? Greg, ira jusqu'au bout de l'attente, jusqu'au bout de sa chance, jusqu'au bout de sa récompense... Mais quand on est l'homme le plus rapide de l'ouest, il faut toujours aller de l'avant : quand on commence à se laisser rattrapper par les sentiments ou par un quelconque espoir, il faut se méfier de la balle qui est cachée derrière...

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Western d'attente mais aussi vaillant et solide que la moustache d'un Peck au top de sa forme ; il n'a guère besoin de lever un sourcil pour laisser le charme agir, n'a guère besoin de lever le coude pour laisser une balle partir. Prêt à tout pour qu'on oublie sa (fameuse) réputation, le Greg est las des cons qui l'entourent où qu'il aille. Il voudrait une femme, putain, son gamin et un ranch et qu'on le laisse paisible... Filmé en contre plongée au début du film alors qu'il domine des hommes à ses trousses, Peck finira à genoux, devant son gamin : comme pour montrer qu'il cherche maintenant à revenir sur terre et veut laisser la légende au vestiaire. Notre homme qui tue pour sauver sa peau - face aux provocations des autres - aura bien du mal à se dérider ; on pourra apercevoir néanmoins durant une micro-seconde l'homme avoir un sourire ; mais le temps est un joueur avide qui gagne à tout coup c'est la loi du far-west et notre homme, qui passe pourtant le film le regard accroché à la pendule, risque de ne pas faire le poids s'il s'oublie... Peu de gun, peu de fight, mais un grand western porté un Peck décapant.

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