Falsch (1987) de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Petit tour dans le passé cinématographique des Dardenne avec cette adaptation d’une pièce de théâtre située dans un décor aussi sobre et dépouillé que pourrait l’être celui d’un film de Fassbinder : un hall d’aéroport où est impatiemment attendu l’ami Bruno Cremer ; on comprend vite que ce lieu de transit par excellence est une sorte de purgatoire (ou d’enfer…) où se retrouve assemblée toute la famille défunte du Bruno (qui vient lui-même de faire une crise cardiaque). On va donc faire rapidement connaissance avec la famille Falsch, juive, du père aux frères en passant par la tante, une famille Falsch qui fut scindée en 1938 à Berlin ; il y eut ceux qui, sous l’influence du pater, y restèrent… et qui y périrent  dans la foulée (à quelques exceptions près) et ceux, deux brothers, qui suivirent le Bruno dit Jo(seph) à New-York. Une petite réunion de famille post-mortem qui va bien sûr être l’occasion pour chacun de régler ses comptes, de demander des comptes (en particulier au père) ou de raconter ses hontes… Une famille sacrifiée d’un côté et de l’autre des membres qui ont dû vivre avec leur propre démon… L’ambiance n’est po vraiment à la grande déconne chez nos deux Belges.

Lumière blafarde indoor ou bleutée en extérieur qui donne des teints dégueulasses, des personnages au jeu terriblement figé que peinent à rendre vivantes (ça tombe bien vu qu’ils sont morts…) les quelques tentatives de travelling des deux cinéastes, on n’est pas vraiment à la fête (malgré l’intro qui se veut festive…) au cours de ces 80 minutes ultra-dramatisées. La vision de ces personnages, avec leur tête d’enterrement, qui tentent plus ou moins de se faire pardonner quelque chose et qui sont filmés en partie sur les carreaux de ma salle de bain demeure guère folichonne. On pressent d‘ailleurs déjà que les Dardenne ne sont pas partis pour entamer une grande carrière dans les films d’action… Bien leur en prendra, certes. Notons tout de même que dans leurs futurs chefs-d’œuvre, ils sauront à la fois aérer leur mise en scène et surtout se montrer capables de faire une certaine économie de mots. Ce Falsch-là n’arrive encore qu’à la cheville de leurs (h)auteurs. Collector, moui, à tout prendre.