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28 octobre 2012

Un Héritier de Jean-Marie Straub - 2011

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C'est sur les genoux (et sans les rotules) que je termine cette improbable odyssée straubienne qui m'aura coûté quelques années et autant de neurones (à noter quand même qu'à l'heure où j'écris Straub est encore en vie, et qu'on n'est donc pas à l'abri). Un Héritier la conclue avec brio, puisqu'on a droit ici à un des films d'action de son réalisateur : dans sa première scène, il est même constitué d'un travelling caméra à l'épaule, ce qui dans le cinéma du bon Jean-Marie, s'apparente à une cascade. On y parle la langue de Maurice Barrès, on y devise sur l'identité alsacienne, le tout dans une jolie forêt qu'on imagine donc alsacienne elle aussi. Le personnage est un jeune médecin de campagne tourmenté par les affres de son métier autant que par la proximité d'une culture allemande menaçante. Il raconte quelques faits de sa vie, d'abord de dos, ensuite assis devant une bonne binouse dans une cour de ferme, enfin en lecture dans les bois et le soleil. C'est Straub lui-même qui joue le confident du jeune homme. Voilà. Bon. Euh. C'est, disons, intéressant, d'abord parce que pour une fois le texte choisi est plutôt limpide et direct (le description d'un accouchement mouvementé est même quasi-premier degré), ensuite parce que l'acteur est plutôt inspiré malgré cette éternelle diction à la limite du ridicule, et qu'on peut contempler à son aise le soleil dans ses mille variations qui tombe sur la belle forêt locale. Après, dire que ce film là était absolument nécessaire dans l'oeuvre straubienne, que j'ai tout compris au pourquoi de la chose et que j'en ressors bouleversé, serait un peu trop en dire. On cherche des traces de la légendaire colère de son auteur, on cherche aussi à situer ce film dans sa carrière (il semblerait qu'on puisse établir un parallèle avec Lothringen, ne serait-ce que parce qu'il s'inspire aussi de Barrès), mais on tombe plutôt sur un petit film légèrement assagi (les racines françaises, blablabla), et déjà vu dans sa forme (belle, hein, mais bon). Mais ma foi, ça ne dure que 20 minutes, alors on veut bien pardonner au gars cette énième lecture dans les bois. Je referme ce livre straubien l'esprit en paix, en envisageant quand même maintenant une odyssée John Woo. J'ai acquis ma place à la droite du Seigneur.

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Tout Straub et tout Huillet, ô douleur : cliquez

Commentaires
S
Cela fait en effet chaud au coeur en ce lundi matin - même s'il fait 27 degrés ici, cherchez pas, ça bouge pas de l'année - un tel commentaire. J'avais pour ma part bcp aimé à l'époque Sue, moins Fiona et Bridget et n'avais pas poussé plus loin du coup l'exploration de l'oeuvre du sieur. Promis, le gars Amos aura son entrée. En tout cas merci encore pour ces mots et au plaisir - même promesse apéritive...
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G
Bahjamin, vraiment merci beaucoup de votre commentaire, d'avoir pris le temps de nous l'écrire, d'être si gentil avec nous, et d'avoir cet esprit ouvert qui vous permet de comprendre que ce blog est avant tout une occasion de rigoler, d'être de mauvaise foi et de papoter deux minutes avec d'autres spectateurs . Et de nous la péter aussi, en ce qui concerne Straub ou les classiques japonais entre autres. La plupart des lecteurs qui nous laissent des commentaires le font pour nous insulter, nous reprocher notre inculture ou nous traiter de noms d'oiseaux parce qu'on est pas d'accord avec eux : un commentaire comme le vôtre est donc plus que bienvenu. Je suis très touché de votre fidélité (je savais pas qu'on avait des lecteurs fidèles ! et depuis 5 ans !), et pour la peine je vais me taper un ou deux Kollek, dont je n'avais pas beaucoup aimé "Sue perdue dans Manhattan".<br /> <br /> Vous avez bien deviné : j'ai pris un certain plaisir (que je qualifierai de torve) à voir tout Straub. Putain, je suis même prêt à dire que c'est pas mal, Straub.<br /> <br /> Quand vous passerez chez nous (à savoir soit dans les Comorres, soit dans l'Hérault), on vous paye un apéro quelque chose de grand. On discutera ainsi de tous ces cinéastes que vous découvrez (vraiment ravi d'avoir contribué à vous les faire découvrir). Longue vie à vous.
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B
(tout un) Franc Hommage :<br /> <br /> <br /> <br /> Je profite de l'achèvement de cette tâche straubienne (et vous félicite au passage pour être allé jusqu'au bout...Chapeau bas, une fois de plus ! Il n'y a que vous pour accomplir un tel sacerdoce, et avec en plus, j'en suis sûr, dans le fond un plaisir constant à le faire (malsain ou non qu'importe! On le devine entre les lignes!) ) pour vous dire toute l'affection que je porte à votre site, à votre passion quotidienne pour le cinéma (quel rythme de visionnage!), à votre nécessaire intransigeance (je ris très svt en lisant certaines de vos critiques assassines, et si justes pourtant, de films que j’ai néanmoins bcp aimé…Vos textes et vos avis (tranchés) sont à chaque fois tellement argumentés, sans gratuité, que l’on n’est jamais vexé d’être bousculé dans nos amours filmiques, au contraire, la lecture en est enrichie ; c’est agréable quand tout est justifié (douloureuse précision : j’aime, entre autres, J. Audiard et W. Anderson…je sais…désolé…) ). Cela fait environ 5 ans que je vous suis silencieusement (2 ou 3 vieux commentaires sans importances doivent trainer...) sans discontinuer, que je pioche dans votre « catalogue », et je tenais à vous remercier depuis longtemps pour m'avoir fait découvrir des oeuvres et des filmo' aussi riches que diverses. Dernières séances en date : les documentaires de Werner Herzog, Julien Donkey-boy, Bellflower, Last Train From Gunhill, Be with Me, Dark Water, Le Petit Arpent du Bon Dieu, L’Apollonide, les oeuvres les plus pointues de Gus Van Sant, et puis Budd Boetticher, Carlos Reygadas, Brillante Mendoza, Kiyoshi Kurosawa, etc. etc. (oui, je sais, j'ai (encore) du retard...Tout le cinéma classique japonais notamment, que vous chérissez tant…). Ces superbes découvertes je vous les dois.<br /> <br /> Et puis je ne me lasse pas de vos analyses pointues (et pertinentes !), de votre éclectisme hallucinant (!), de votre capacité à aborder tout film avec le même intérêt, la même curiosité, de vos choix toujours assumés (et...justifiés!), de votre mauvaise foi brandie (toujours pas vu de films de Hal Hartley moi…), de votre liberté de style et de ton, qui font que l'on vous lit facilement, et même avec bcp de plaisir. <br /> <br /> Voila. Continuez svp. Merci.<br /> <br /> <br /> <br /> A demain. <br /> <br /> Ps : j’aime bcp Amos Kollek (ses films entre 1997 et 2002 notamment), une nouvelle entrée est-elle envisageable ?
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