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Shangols
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30 septembre 2012

Le Vaisseau fantôme (The Sea Wolf) (1941) de Michael Curtiz

“Better to reign in Hell than serve in Heaven”

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London 1900. London, Jack à l’origine de l’histoire. Sur le pont : Edward G. Robinson - très en vogue sur Shangols, j’en conviens. Ida Lupino - vous aurez tout, tout, tout sur l’Ida. John Garfield dans une interprétation très inspirée - mais l’on est rarement déçu par le John. A la manette, l’ami Curtiz, qui réalise là l’un de ses 180 films. Pas le meilleur ? A voir, en tout cas l’un des très très bons. Welcome in Hell… Pour faire partie des nouvelles recrues du bien nommé vaisseau « Ghost », il faut soit être bourré comme un coin, soit être drogué, soit fuir la police, soit avoir fait naufrage..Cela donne l’idée du ramassis d’individus on board, une bande d’ivrognes ignobles sur un bateau ivre mené d‘une main de fer par le diabolique Robinson. Qu’il s’agisse du cuisinier, un vrai enculé de délateur vicieux comme un rat, du docteur raide bourré du matin au soir ou du second méchant comme une teigne, il n’y en a apparemment pas un pour rattraper l’autre. Robinson concentre, lui,  tous les défauts des hommes à bord.

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John Garfield, pourchassé par la police, en a sûrement vu d’autre mais cela ne va pas l’empêcher de morfler grave dès qu’il osera hausser le ton sur ce raffiot. Dans/sur cette galère l’accompagne la belle Ida - qui s’est échappée d’une maison de redressement - et un jeune écrivain à la bouille mal dégrossi mais bourré de talent pour décrire l’âme de ses congénères… Que recherche ce bateau ? Des peaux de phoques… Que fuit-il ? L’un des frères de Robinson qui hante les mers sur un vapeur pour le couler… Bizarre, vu que sur les quatre frères de Robinson, quatre sont déjà morts… Serait-on déjà dans les limbes - de l’Atlantique - ou simplement sur les mers qui mènent du purgatoire à l’Enfer… Sans espoir donc de retour pour quiconque ?...  Bah, Il existe toujours un paradis, au moins pour les ex-taulards qui , au plus profond de leur cellule, de leur ADN, ont toujours rêvé de repartir à zéro, de s’échapper sur une île originelle…

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Dès les premières images sur ce port pris dans le brouillard, on est envouté par cette atmosphère cauchemardesque, irréelle, fantomatique… Il nous faudra patienter quelques minutes avant de faire la connaissance du (petit) maître à bord du fameux « Ghost » mais il nous faudra peu de temps pour comprendre que le gars à autant d’humanité qu’une pieuvre, n’est pas plus capable de pitié qu’un requin nageant dans une mer de sang. La violence, la traîtrise, la saloupiotrie - si ça existe -, c’est son affaire, notre homme semblant prêt à sacrifier tout homme qui l’entoure selon son humeur. Notre écrivain de bord ne va pas tarder à faire de lui un portrait rendant fidèlement compte de son inhumanité. Robinson grince des dents et pense pouvoir se venger un jour de cet homme (l’un des seuls qui gagne malgré tout une partie de son respect et de sa confiance) en lui montrant que lui aussi l’a perçé à jour. Combat psychologique côté proue, combat physique côté poupe avec un bateau peuplé de beaux diabl(otins) qui vont forcément chercher un jour à se mutiner. A-t-on une chance de s’enfuir de l’enfer, peut-on tenter de se rebeller contre le Diable lui-même ? Un simple élément de réponse qui s’affiche en bas de votre écran : Robinson, aveugle à la suite de l’une de ses terribles migraines, continue d’être à la barre du navire… Comment déjouer les plans d’un homme qui dans le noir absolu continue de rester diablement lucide ? Une lutte inégale contre le mal s’engage quoi qu’il en soit dans cette superbe œuvre au noir qui nous donnera à voir en prime une belle amourette entre  John et l’Ida - magnifiques dialogues amoureux entre les deux… qui n’auront d’ailleurs même pas le droit à un baiser (c’est apparemment interdit en enfer, London y est sûrement déjà allé…). Impeccablement filmée (une caméra tanguant, forcément, au rythme du roulis et aussi un jeu constant avec des ombres mouvantes donnant l’impression d’être réellement sur ce… Titanic avant l’âge), parfaitement interprétée, une nouvelle œuvre de Curtiz qui force violemment le respect.    

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