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23 septembre 2012

L'Enfant d'en Haut d'Ursula Meier - 2012

simonetlouiseL'originalité, l'onirisme et le savoir-faire de Meier à l'oeuvre dans le très joli Home semblent avoir été ensevelis sous la neige de la haute montagne, et c'est bien dommage de voir une cinéaste aussi prometteuse se vautrer dès son deuxième film. L'Enfant d'en Haut n'a rien de honteux, mais on a l'impression de l'avoir vu 210 fois rien que cette année, souvent en mieux. C'est l'histoire d'un gosse solitaire qui vole du matériel de ski dans la station de sports d'hiver où il habite avec sa soeur. Recherche d'identité masculine autant que d'une mère et d'un père, volonté de domination autant que rattachement à un certain état d'enfance innocente, petite pointe de relations incestueuses, le scénario ne nous épargne rien en termes de possibilités psychologiques concernant ce cas d'école sur piste noire. C'est vraiment là où c'est le plus maladroit, dans la sur-explication psychologique (le coup de théâtre de la 55ème minute enfonçant un peu plus le clou) qui vire très vite à la démonstration pure : notre bonhomme s'amourache d'une touriste américaine qu'il prend pour sa mère (jolie scène pourtant où il tient absolument à payer le repas de celle-ci et de ses mômes, comme s'il était un adulte ou un homme en responsabilité d'enfants), s'attache à un cuistot ou au petit copain de sa soeur comme s'ils étaient son père, dirige une petite bande de gamins comme un leader, et chaque fois l'écriture enfile ses chaussures de ski taille 48 pour bien nous faire comprendre la portée de ces symboles. Merci, Ursula, on n'aurait pas compris sans ça.

l-enfant-d-en-haut-2012-23647-812225499La cinéaste voudrait bien naviguer sur les traces des Dardenne, ça se sent rien qu'à la façon de traiter les personnages, d'aller vers la noirceur du quotidien, de ne jamais chercher à embellir les situations, et aussi dans cette mise en scène caméra à l'épaule ; mais elle ne trouve jamais la grâce des brothers, voulant trop en faire et dans l'esthétique (la lumière trop dorée des intérieurs) et dans le côté "coup de poing" du filmage (la séquence complètement ratée de la bagarre dans le champ). Comme les acteurs sont assez mauvais (le gamin en fait trop, Léa Seydoux ne fait rien, les petits rôles sont faux), comme même les digressions esthétiques sentent le déjà-vu (ces plans rêveurs sur l'ombre d'un téléphérique projetée sur les arbres, ces gros plans réalistes sur le visage du môme), on ne retiendra pas grand-chose de ce film, mis à part que c'est difficile d'être un adolescent délaissé. Allez, je reconnais que la musique de John Parrish est très agréable, et que Meier est toujours talentueuse pour s'inscrire fortement dans un territoire : ses cadres sur la montagne, avec ces plaques de neige tristounes, et ceux sur la moche station de ski, marquent le regard et délimitent très bien le petit espace de ce drame intime en plein air. A part ça, un film banal et morne.

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