Un Dimanche comme les autres (Sunday bloody Sunday) (1971) de John Schlesinger
Ah ce bon vieux début des années 70 où tous les hommes dans la trentaine avaient la même coupe que les frères Gallagher - c’était forcément affreux mais cela avait au moins le mérite d’être à la mode. Dans le rôle du chevelu, c’est donc Murray Head (ah, tiens !) qui s’y colle, un Murray qui vaque du lit d’une femme à la trentaine bien tassé à celui d’un docteur la cinquantaine léonine. Murray has a young body, fait des mobiles vintage - le genre de trucs qui remplira les caves - ou les casses - quand les TO7-70 débarqueront et n’est pas du genre à se prendre la tête ; quand l’un commence à lui prendre le chou, il court chez l’autre et vice versa. Pas le genre à s’installer quoi… Notre jeune femme - Glenda Jackson - aimerait bien pouvoir lui mettre le grappin dessus mais elle peut point (spéciale dédicace à Annie Cordy, la passion du moment de l’ami Gols qui a dû découvrir un nouvel alcool belge ultra fort). Notre lion médecin itou. Schlesinger nous donne à voir le vague à l’âme, les petites joies, les inévitables déceptions de nos deux londoniens toujours en attente - le téléphone a l’un des rôles principaux - de ce fougueux amant capricieux, voire du grand amour, qui sait ?... Qui ne viendra po, qui partira loin - non respectivement si vous me suivez.
Seventies + film british + teintes marron-beige-gris-bleu, c’est vrai que le film partait, d’un point de vue strictly perso, avec un lourd handicap qu’il a d’ailleurs bien eu du mal à combler. On sent toute l’ambiance de l’époque - la crise qui débarque avec son futur lot de chômeurs, l’ère de la possession matérielle au top de sa forme… - et ce climat de morosité ambiante semblerait presque s’emparait de nos personnages principaux : entre deux coucheries relaxantes qui leur donnent la banane, nos deux héros ont tout de même bien du mal à se dérider et à se lâcher ; po le genre tirlipinpon sur le chihuahua, voyez, plutôt tirage de gueule en solitaire et quasi dépression au-dessus du jardin anglais. Ah l’amour, c’est dur, même - ou surtout ? - quand on vit avec un amant libre comme l’air, eh ben oui, voilà ma bonne dame, et puis il y a comme un ptit vent frais depuis ce matin, non… Oh m’en parlez pas Huguette, je vais être obligée de rajouter… Mais je m’égare. Oui, bon, c’est solide dans l’interprétation, on sent bien que cette œuvre a les deux pieds bien plantés dans son (air du) temps (sympa le gamin qui fume de la marijuana au ptit dèj…), on pénètre indéniablement avec une certaine finesse dans le monde torve des sentiments - and all that crap… But not really my cup of tea, frankly speaking. Un film tiède dirais-je pour résumer d’un mot mon impression… Temps que je ressorte de bons vieux Cassavetes sanguins, tiens, sûr.