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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
10 septembre 2012

La Servante (Hanyo) (1960) de Kim Ki-Young

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Petite histoire cathartique pour réfléchir à deux fois avant de prendre une bonne coréenne (allons… soyons sérieux), ou alors, plutôt, pour mettre en garde les hommes mûrs contre les tentations vaporeuses de la jeunesse faite femme ? Plus probable. Même si cela ne serait guère rendre hommage en deux lignes à cette magnifique perle coréenne qui ferait passer l’utilisation des escaliers ou des verres de lait chez Hitchcock pour de simples accessoires décoratifs… Kim Ki-Young filme à merveille tous les recoins de cette maison où chaque pièce pourrait faire figure de piège à rat pour ses occupants, où derrière chaque porte se cache un individu en épiant un autre. Jeu du chat et de la souris, qui jalouse qui, qui manipulera qui, qui tuera qui… ? Quand la petite famille coréenne modèle devient le lieu de toutes les manigances, de toutes les vengeances, de toutes les horreurs… Vaste programme auquel nous convie KK-Y avec une maestria dans la mise en scène et dans les montées de tension absolument – et perversement – jouissive…

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Une petite travailleuse d’usine écrit une lettre d’amour à son prof de piano… Elle sera renvoyée pour trois jours – la honte -, elle ne s’en remettra pas… Son amie de chambrée, qui est en fait à l’origine de la lettre, s’introduira dans la demeure de ce prof pour prendre soi-disant des leçons de piano. La vengeance est un plat qui se mange froid ? Peut-être mais la chtite n’a pas l’air d’être aussi vicieuse que cela… Seulement, lorsque le prof lui demandera de lui trouver une maid pour aider sa femme enceinte qui se tue sur sa machine à coudre, c’est elle qui introduira le ver dans la pomme bien mûre… Cette petite maid est-elle d’ailleurs un ver ou une petite souris ? Elle a résolument la mine d’un souriceau, se déplaçant toujours avec le museau aux aguets, une souris redoutable d’ailleurs quand il s’agit de dompter les rats (les hommes ? Allons bon…) ou quand il s’agit de « jouer » avec une bouteille de poison… Va-t-elle incidemment séduire le mari ? Ce n’est pas tuer le suspens que de dire oui. Mais cela ne sera que le début d’un long processus de destruction dont cette petite famille fera les frais…

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KK-Y aime à jouer avec certains motifs qui se font écho ; ainsi la ficelle avec laquelle les deux enfants jouent lors du générique : jeu de main et d’entrelacement, jeu de vilain ? A l’image en effet des doigts de la servante qui n’auront de cesse de manipuler, de saisir, d’étreindre le dos ou les doigts d’un prof de piano « pris dans sa toile», d'enrouler une jambe autour de l'une des siennes - ver, souris, araignée, boa… ; la machine qui tourne, dans l’usine, lors de l’une des premières séquences semble quant à elle lancer la petite mécanique impitoyable de ce « conte » destructeur, la roue de la cage de l’écureuil ou de la machine à coudre constamment en mouvement reprenant cette idée que rien ne pourra désormais venir enrayer les méfaits de cette maid, douce et perfide empoisonneuse : le poison se répand progressivement et n’épargnera aucun membre de cette famille poussé dans ses ultimes retranchements ; à mesure que cette maison se construit, s’agrandit, la famille, elle, se déconstruit, explose de l’intérieur. L’ambition sociale – de la mère de famille en particulier, ce bonheur censé pouvoir s’acheter – se transforme alors en cauchemar absolu… Elle que son mari portait tendrement dans ses bras sera remplacée par cette maid implacable capable de tous les coups retors pour prendre possession de son homme, « hanter » ce mari, hanter cette maisonnée… Toujours plus loin dans le frisson, dans le glauque et comme c’est, qui plus est, magnifiquement filmé – ces somptueux légers mouvements de caméra qui captent chaque geste de cette petite famille transformée en rats de laboratoire infectés -, on se dit que KK-Y porte vraiment à la perfection son petit tablier de cinéaste. Conquis sans ménagement.

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Commentaires
K
Une question en passant...<br /> <br /> Vous qui avez une vision panoramique du cinéma coréen...<br /> <br /> Il y a des réalisatrices là-bas ? Je veux dire, des filles qui font des films? ça existe? Vous en connaissez? <br /> <br /> Le salaire des Coréennes a le triste record mondial d'être 35% inférieur à celui des mecs. Et, comme on sait, ces choses-là vont ensemble et en disent long sur tout le reste... <br /> <br /> Je dis ça, je dis rien.
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