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10 septembre 2012

Les Gaîtés de l'Escadron de Maurice Tourneur - 1932

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Sauf erreur, Maurice Tourneur n'a jamais fait preuve d'un immense génie, et ce petit film de régiment vient confirmer le fait. On est pourtant dans le savoir-faire bon enfant, rien à reprocher vraiment à la chose, mais bon, disons que ce film est assez fade et impersonnel. Sur le papier, on attendait quand même autre chose : adaptation de Courteline, réunion de Raimu, Gabin et Fernandel (plus quelques trognes en seconds rôles), ambiance de trouffions toujours sympathique à regarder (Renoir ou Wilder réussiront la chose de leur côté). Mais l'absence complète de personnalité de Tourneur, qui confine à la longue à la maladresse, annule tout comique à la chose : au mieux on sourit gentiment, au pire on bâille.

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Le quotidien d'un régiment, avec ses tire-au-flanc, ses gradés stupides, ses fortes têtes, ses benêts et tutti quanti. Le sujet n'est pas nouveau, et le traitement non plus. La qualité du film est de tenter de rendre compte de la pluralité des statuts sociaux qui peut être rassemblée dans ce genre d'escadron : les accents se font entendre (Fernandel est assez mauvais dans son roulement de "r", mais Donnio est vraiment drôle), les argots aussi (résurrection inattendue du louchebem en la personne de Potiron, boucher de Belleville), et la hiérarchie militaire se heurte aux solidarités de classes et d'origines. Raimu campe un gradé qui fait toujours mine de gueuler, mais qui en fait est plein d'empathie envers ses petits bleus, conscient de sortir de la même classe qu'eux. Les autres gradés, on s'en doute, sont traités comme des pantins pathétiques, et Tourneur se met du côté des débrouillards de seconde classe (Gabin et ses petites entubes) plutôt que du côté du respect du drapeau. Pourtant, il y a ça et là quelques scènes qui fustigent l'ânerie générale, qu'on soit gradé ou non : belle séquence où Fernandel, croyant être soutenu par ses camarades, porte plainte auprès d'un général sur la mauvaise qualité de la bouffe, et se voit trahi par tous ses copains de chambrée ; beau personnage également de ce général, qui pardonne tout par amitié pour Raimu.

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Mises à part ces louables qualités, le film se déroule tranquillement, sans marque (même si les quelques images colorées au pochoir nous tirent un peu de la torpeur esthétique générale). La plupart des gags tombent à l'eau, Tourneur fait tout reposer sur les épaules (certes solides) de ses interprètes et oublie de filmer ou d'avoir un simple regard sur le scénario. Mal fagotté, mal monté, hétérogène, rempli de séquences qui ne vont pas au bout, le film est vraiment poussif et pas très marrant. Il n'y aura même pas la rencontre attendue entre les stars, puisque Gabin, Raimu et Fernandel n'ont (presque) pas de scènes en commun. C'est plus une suite de séquences qui partent dans tous les sens, trop rapides pour être vraiment fines ou intéressantes. Un film à sketches, quoi, mais dont aucun n'est vraiment réussi.

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