Le mystérieux Docteur Clitterhouse (The amazing Dr. Clitterhouse) (1938) d’Anatole Litvak
Du beau linge au programme : Edward G. Robinson, Bogie, Claire Trevor, le gars Huston en co-scénariste et au final un film qui oscille entre polar, light comedy et recherche scientifique, un mélange qui s’avère… assez peu détonnant ; le pitch est plutôt simple : un certain Docteur, Edward, se met à commettre quelques larcins pour tenter d’étudier sa propre réaction face au danger – pouls, pression artérielle… De fil en aiguille, il se pique au jeu et étend ses recherches (dans l’optique d’écrire un ouvrage qui fera date) en manageant une bande de malfrats chevronnés ; la chieftaine du clan, Claire Trevor, fond pour lui, le gros bras de la bande, Bogart devient quant à lui irrémédiablement jaloux de ce trublion qui mène avec un sang-froid hors-paire les « opérations » - aux deux sens du mot, forcément, ahaha. Bogart cherche alors à l’éliminer mais ne sait pas à quel luron il a vraiment affaire : Edward, malin comme un vieux singe, est tout autant prêt à tester le crime absolu, autant dire le meurtre, just in the interest of the science, of course… Mais à force de jouer avec le feu, l’éprouvette fumante du générique pourrait bien exploser dans la tronche du Dr Edward aux mains d’argent et du Mr Robinson oh oh oh… ou non.
Belle copie, beaux acteurs, propre réalisation mais voilà, comment dire, la sauce ne prend jamais... ou guère. La faute sans doute aux personnages un peu grossiers et easy : le flegme constant de Robinson porte un peu sur les nerfs, Bogart – trop tendre, trop jeune - en gros méchant est aussi crédible que Ribéry à "Question pour un Champion" ou Julien Lepers en trois-quarts aile, et la gentille Claire Trevor, qu’elle joue les femmes à poigne ou les pseudo-romantiques, ne parvient jamais à vraiment convaincre. Litvak prend soin de réaliser deux-trois ptites séquences un peu chiadées (les beaux mouvements aériens de caméra lors du premier casse, le gars Robinson qui apparaît comme une créature satanique – jeu sur les ombres, les focales, la contre-plongée – aux yeux d’un Bogart drogué…) mais l’ensemble est un peu paresseux. Le comique – comme les saillies de Bogie – tombe souvent à plat (Robinson effectuant des auscultations en plein casse hihihi…) et qu’il s’agisse d’humour à froid ou humour noir à la coule, l’ensemble manque diablement de drôlerie et « d’impact ». Trop sage. Pour les fans invétérés de Robinson et Bogie, à la rigueur, qui sont loin de leur meilleur rendement, clair.