LIVRE : Le Bonhomme de neige (Snømannen) de Jo Nesbø - 2007

Je me suis trouvé un nouveau pote en la personne de Jo Nesbø, avec qui je passe depuis quelques temps de délicieuses soirées. Encore une fois, il m'enthousiasme avec un polar sanglant et noirissime de derrière les fagots : Le Bonhomme de Neige est exactement tout ce qu'on attend d'un polar (trame impeccable, suspense total, personage sympa), avec en plus ce qu'on y attendait pas, à savoir un style, une écriture jazzy absolument parfaite. Rien que ce style suffirait à notre bonheur : Nesbø raconte simple et droit, et pourtant ses phrases, même en traduction, sont bien balancées, bien rythmées, et font passer sans problème les passages obligés du genre souvent ennuyeux : les longues réunions dans les commissariat quand l'enquête piétine, les flashs-back laborieux sur le passé des personnages, passent tout seuls grâce à cette rapidité d'éxécution, cette volonté d'enlever tout ce qui fait l'ordinaire des polars. Il se passe toujours quelque chose dans ce livre, rebondissements inattendus de l'enquête, pistes nouvelles, drames intimes, meurtres à rallonge. On est loin de la construction ordinaire mise en place éternellement par les confrères de Nesbø (évènement spectaculaire au début, 300 pages de rien, évènement spectaculaire à la fin) : ici, c'est tendu comme un string, l'intérêt est sans cesse relancé et de façon très habile. La trame désamorce malinement nos tentatives de deviner l'assassin avant l'inspecteur Harry Hole, puisque l'engrenage mis en place par le serial-killer (un gars qui tue des femmes et laisse un bonhomme de neige comme signature, bon) regorge de chausse-trappes, de pièges... et de vrais-faux coupables. On s'amuse bien à être trimballés comme sur un grand 8 par les 47000 coups de théâtre de la chose, surtout que le train est conduit par un des meilleurs héros de la littérature policière : Harry Hole, alcoolo repenti tout le temps bourré, traqueur obsessionnel de la vérité, homme d'action plein d'excès, une sorte de mélange entre Columbo et Jack Bauer, les pintes de gin en plus. Les dernières pages s'ingurgitent bouche bée et en un seul souffle, c'est du très grand divertissement. Nickel.