[Rec] 3 : Genesis de Paco Plaza - 2012
Paco Plaza prend seul les rênes du troisième opus, et j'ai comme l'impression qu'on y perd en chemin. Son comparse Balaguerò, co-signataire des deux premiers, semble être le seul dépositaire du gore et de la mise en scène, puisque ce nouveau volet, poussif et laborieux, est complètement dépourvu et de l'un et de l'autre. Timide comme une jeune pucelle, Plaza a peur de tout : du sang, du noir, du trash, de l'humour et du cinéma. Quand on est sensé réaliser un film d'horreur, ça ne le fait que moyen. [Rec] 3 est donc une désolante suite de moments déceptifs qui, à chaque fois qu'ils s'approchent d'un quelconque intérêt, font marche arrière en se cachant les yeux. Jamais effrayant ni dérangeant comme ont pu l'être sporadiquement ses prédécesseurs, il se contente d'être sur le modèle peinard de ces films familiaux qui voudraient bien être gore. Terrorisé par tout ce qui pourrait être dérangeant, Plaza tente la carte de l'humour, et c'est encore pire : les pointes de dérision sont désolantes, entre le héros déguisé en chevalier pour sauver sa fiancée (ouarf ouarf) et la jeune mariée armée d'une tronçonneuse qui ne sert que sur une scène (hin hin hin). L'humour noir ne semble pas être tout à fait le fort du bonhomme et on rigolait finalement beaucoup plus aux excès gore des deux premiers volets que dans cette tentative de parodie qui ne va pas au bout de sa logique, hésite constamment à être franchement drôle, et se vautre dans des gags surannés bien plus poussés ailleurs (à quand un Rec 4 réalisé par Robert Rodriguez ?)
Je souhaitais jadis que la franchise Rec laisse tomber ces caméras subjectives qui finissaient par handicaper le bazar. C'est chose pratiquement faire ici, mais encore une fois avec le cul entre deux chaises : Plaza mélange prises de vue "réelles" (en prenant un film de mariage comme base, seule bonne idée), puis abandonne subitement l'idée avant d'y revenir de temps en temps, avec pour seul prétexte à cette bouillie informe la présence au mariage d'un cinéaste armée d'une caméra pro. On ne comprend rien du tout à ces changements incessants de point de vue ; ça ne serait pas grave si le film nous tenait suffisamment en haleine, mais comme ce n'est pas le cas, on cherche à comprendre comment le chef-op et le monteur ont pu permettre ces aberrations stylistiques... Je retire, donc : rendez-nous les caméras subjectives, au moins elles suivaient une certaine logique. A part ça, admettons qu'il y avait peut-être une bonne base dans le scénario : la vaste réunion familiale qui vire au cannibalisme, avec le tonton enragé, la mère qui dévore sa fille, les papys crachant du sang, etc. Mais tout ça s'arrête systématiquement à mi-chemin (malgré un certain talent dans le maquillages dégueu, je l'avoue, comme le prouve la photo ci-contre), avant en tout cas de devenir en quoi que ce soit dérangeant ou sulfureux. Plaza se réfugie derrière un mysticisme à deux balles (les zombies sont neutralisés par les prières du curé) hérité des pires films d'horreur à la con. Seule le dernière scène, curieusement romantique, sauve un peu le film du vide abyssal dans lequel il nous entraîne, ne se donnant même pas la peine de nous fournir le minimum syndical (nous foutre les chocottes et nous faire rigoler). Du gore pour les 3-7 ans.