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28 juillet 2012

LIVRE : Babbitt de Sinclair Lewis – 1922

1039361_8325820Il est clair que mon rythme de lecture s’est dramatiquement ralenti ces temps derniers, mais je reviens avec plein de bonnes intentions avec cette œuvre de Sinclair Lewis sur un Américain moyen in the twenties dans une petite bourgade fleurissante.  Babbitt, c’est le quadra fier de sa situation – agent immobilier -, fier de son club et de son train de vie, fier de faire vivre sa petite famille, bobonne et les trois gamins… Babbitt a tout du gazier un brin pathétique, plus à même de dire haut et fort ce qu’il pense sur un sujet… quand il vient juste d’entendre quelqu’un en parler, qui se dit foncièrement honnête et droit sans jamais hésiter à magouiller dans son taff pour s'en tirer financièrement, qui passe beaucoup de temps à vouloir paraître comme pour masquer sa difficulté à être. Malgré les caractéristiques souvent peu avenantes de son anti-héros, Lewis se plaît néanmoins à montrer notre homme cherchant à se rebeller contre cette petite vie, son petit train-train gnan-gnan. Fidèle en amitié – son pote Paul bouffé par sa femme et tendant à la dépression -, Babbitt se permet d’échapper à son milieu familial et professionnel étouffant le temps d’une petite virée entre vieux copains pour pouvoir souffler et se ressourcer ; titillé également de plus en plus par le démon de midi et l’envie de changement, notre agent tentera de se lancer dans quelques aventures sentimentales – peu reluisantes -, de se perdre dans l’alcool et les cigares (demain, il arrête…), voire de se dresser contre son cénacle d’ami en prenant position tant bien que mal pour certains représentants syndicaux… Des petites bouffées de révolte qui malheureusement tourneront court, pour ne pas dire à vide…

L’écriture du gars Lewis est éminemment sarcastique – la comparaison avec un Flaubert semblant incontournable – s’attachant à décrire par le menu les petits travers et les petites ambitions de cette société qui prend un plaisir évident à rentrer dans le moule, qui a bien du mal à sortir des ornières de cette morale puritaine qui fleure la chienlit. Certains passages ne sont même point exempts d’une indéniable lucidité féroce (là, c’est bobonne qui trinque : « Il était rebuté par l’embonpoint flasque de sa femme, par ses bouffissures et ses bourrelets de chair, par les dessous négligés et fanés quelle avait toujours l’intention de mettre au rancart sans jamais s’y décider. »). Mais derrière ce portrait à charge d’une société américaine d’après-guerre peu bandante, Lewis semble tout de même faire preuve d’une certaine empathie pour son personnage englué dans ce milieu où il est bien difficile de se mettre en marge sans en subir immédiatement les conséquences : quand Babbitt se plaît à jouer les électrons libres, il est immédiatement sanctionné par ses propres connaissances au niveau de sa vie professionnelle. Si vers la fin point un ptit message d’espoir – Babbitt soutenant son fils dans sa volonté de faire front face au poids de la famille -, force est de constater que ce monde des « affaires » des 20’s brille plus par son besoin irrémédiable de standardisation – c’est l’époque qui veut ça… - que par sa soif d’expérimentation en tout genre. Un vrai classique ricain de toute une époque.

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