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13 juin 2012

Les Marx au grand Magasin (The big Store) de Charles Reisner - 1941

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Je n'avais pas vu de film des Marx Bros depuis ma prime jeunesse... et j'aurais mieux fait de laisser  ceux-ci reposer dans les replis de ma mémoire bienveillante. Si j'en juge en tout cas par The big Store, les trois compères (oui, à ce moment-là, ils n'étaient plus que trois) traitent le cinéma comme Sarko les droits de l'Homme, se contentant d'engager le tâcheron libre pour les 15 jours à venir et de lui demander de filmer au plus plat les pitreries fatigantes des frangins. Entre un Chico complètement fade, dont le seul talent est une virtuosité sans esprit au piano ; un Harpo soûlant de mines de simplet, qui joue de la harpe comme on n'ose plus en jouer depuis 3 siècles ; et un Groucho peut-être un peu plus fin, mais dont les jeux de mots sont malheureusement intraduisibles en sous-titres, on s'ennuie sévère devant les aventures absolument pas trépidantes des gusses dans le grand magasin du coin. Il leur aurait fallu un MacCarey ou un Blake Edwards, pour le moins, pour tenter de doper ces embryons de gags qui ne débouchent jamais sur rien. On sent bien que les Marx voudraient marquer leur film d'une folie incontrôlable, mais tout est tellement affadi par la mise en scène de Charles Reisner (tellement secondaire que son nom comporte une coquille au générique, c'est dire), tellement rendu lisse par le surjeu rodé des frères (qui font sagement ce qu'ils savent faire sans jamais faire preuve d'aucune invention), que cette folie perd tout pouvoir, y compris dans les scènes échevelées de comédie musicale, fadasses à souhait. Certes, de temps en temps, on sourit bienveillamment à une ou deux mimiques (le rire silencieux de Harpo pendant le duo au piano, les mimiques de Groucho roulant des yeux devant la moindre donzelle), mais l'ensemble est terriblement poussif. Et enterré un peu plus par la totalité des seconds rôles, à commencer par le jeune premier, sorte de Tino Rossi en plus sucré qui fait des œillades impossibles à la poupée de service, qui fond, bien sûr.

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On sent le potentiel comique de certaines séquences, comme celle de ces lits futuristes visités par des familles de toutes origines (des Italiens aux Sioux), ou comme ce jeu de miroirs devant lequel Harpo harpise, mais les gars, eux, ne voient rien, et pensent que jouer à une vitesse folle suffira à doper le rythme terrifiant de leur pochade. Au final, on ne retient que 3 minutes, celles où la fulgurante Virginia O'Brien rentre dans le champ pour interpréter façon gothique une berceuse : son jeu, la violence incroyable de son interprétation, sa beauté glaciale, volent sans conteste la vedette aux Marx, qui devraient en prendre de la graine ; jouer lentement et sobre peut parfois être dix fois plus payant que courir dans tous les sens en faisant des grimaces. Cadeau : je vous mets ces 3 minutes géniales juste en dessous de ce texte, ça vous évitera d'acheter le DVD de ce film qui n'a que ça de bon. Je mettrai ce naufrage sur le compte d'une fatigue de la part des Marx brothers, qui avaient déjà fait pas mal de films à cette époque, et je veux bien en retenter un dans 20-25 ans.

 

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