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8 mai 2012

Les Comancheros (The Comancheros) de Michael Curtiz (et John Wayne, non crédité) - 1961

COMANCHEROS-BLU

Dernier film de Curtiz, tellement malade que plusieurs séquences ont été terminées par Wayne himself, et c'est clair qu'on sent un peu le manque d'entrain dans ce western. Non pas que ce ne soit pas agréable, mais disons que la grandeur hollywoodienne semble loin derrière. C'est même presque un peu gênant de constater combien ce racisme anti-Indien est toujours en vogue à cette époque, alors que nombre de films avaient déjà tenté de faire un chouille plus dans la nuance. La mission de Wayne, ici, est double : non seulement il doit ramener au tribunal un gars coupable d'avoir tué un rival dans un duel, mais en plus il doit infiltrer une bande de "comancheros", c'est-à-dire de blancs qui trafiquent avec les Comanches et abusent de leur crétinerie (car le Comanche est un sombre crétin chez Curtiz, ne sachant que pousser des cris et boire des hectolitres de whisky, quand il ne se contente pas d'un gros cigare donné avec condescendance par un Wayne hilare et plus réac que jamais). Deux trames parallèles qui sont traitées de manière relativement originale. Côté "ranger crade contre prisonnier raffiné", le couple Wayne/Whitman fonctionne très bien, ce dernier apportant une touche de modernité franchement anachronique au milieu du décorum westernien de base : le duel d'ouverture est très loin de l'habituel règlement de compte poussiéreux ; on se bat presque comme dans Barry Lindon, ici, et pour une fille qui plus est. Whitman est très bon, à la fois racaille de base et élégant dandy français, et le contraste avec Wayne, dans sa traditionnelle composition de Ranger patriote et viril, est sympathique à regarder. Bien aimé aussi ce jugement expéditif et douteux, qu'on croirait sorti d'un Ford dernière période, où la loi texanne est appliquée à la tête du client et en fonction de l'état éthylique du juge, c'est très bon enfant et rigolo.

Comancheros2

Côté trame indienne, là aussi, il y a le lot de satisfactions : un Lee Marvin pourrissime, crâne à moitié scalpé et rictus maléfique de sortie ; une jeune première pleine de caractère ; un vilain principal sur un fauteuil roulant (et également paternel de la jeune première, d'où un dilemme cornélien sur la fin) ; quelques scènes de torture raffinées ; et une façon de regarder le paysage qui n'a rien perdu de son ampleur (surtout que Curtiz filme des décors peu visités par le western, pans de gazons rachitiques et villages plantés dans le désert). C'est plutôt côté scènes d'action que ça pèche un peu : elles sont non seulement trop rares, mais quand elles arrivent, elles sont aussi tellement calibrées qu'elles déçoivent forcément. Les figurants et leurs chevaux tombent avec trop de grâce et d'acrobaties inutiles (les vigiles qui tombent des rochers dans les buissons, c'est tout juste si on ne voit pas les matelas planqués dans les branchages), l'humour y est un peu lourdaud et on s'ennuie vaguement. Seule la toute fin, avec tous ces gusses qui attaquent dans tous les sens (les comancheros, les Comanche, les Rangers, et les héros tout petits au milieu), rappelle quel grand concepteur de spectacles fut le gars Michael. Bon, ne boudons pas trop tout de même : il y a là suffisamment d'humanité, de jolies couleurs et de classicisme pour contenter l’œil. Michael, mes respects éternels, yipeee-ya-ooo.

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