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3 mai 2012

LIVRE : Frère Jacques - Lettres à Frédéric Jacques Temple d'Henry Miller - 1948-1980

9782363390066Autant les lettres à Maurice Nadeau, parues récemment, étaient passionnantes, autant cette série de petits mots envoyés au pourtant grand Frédéric Jacques Temple par Miller est quasi-totalement dénuée d'intérêt. Avec un soupçon de malaise, Temple le dit lui-même en intro : à défaut de vrai style ou de grandes réflexions, on entendra dans ces lettres une voix. Admettons. Mais il faut quand même fouiller profond pour entendre quoi que ce soit dans ces notes griffonnées à la va-vite par un Miller débordé par la célébrité et le travail : ça ne sort jamais d'un certain côté pratique, fonctionnel (genre : "merci de transmettre ce livre à mon éditeur dont voici l'adresse à Paris", ce genre de choses capitales), ça ne prend jamais la forme de ces fameuses missives à rallonge que Miller savait parfois écrire au débotté à ses amis. Mis à part deux pages de notes intéressantes sur la fin, où Miller apporte des corrections à l'essai que Temple est en train de lui consacrer, et dans lesquelles on découvre enfin quelque chose d'intime, de touchant, de mélancolique chez lui, le reste est une suite de post-it sans consistance. En tant que fan absolu de HM, j'y trouve quand même mon compte, entendez bien ; il m'est arrivé aussi de sourire devant quelques petites pointes milleriennes qui surgissent au milieu de tout ça (bien aimé la mention "sex is fun" ajoutée en bas de lettre par un Miller de 70 berges au compteur) ; j'apprécie également toutes les idées de mise en page, les photos, les incursions de lettres manuscrites au cours du livre ; et je retrouve avec bonheur ce mélange d'anglais sans manière et de français délicieusement déconstruit. Mais ces lettres restent tout de même du niveau du grattage de fond de tiroir bien inutile : on n'y apprend rien sur Miller, sa vie, son œuvre, et on risque même, si on ne lit que ça, de trouver qu'il écrit bien platement. On ne trouve même aucune trace de cette fidélité en amitié qu'il a su cultiver toute sa vie, sauf quand il évoque Cendrars, Durrell ou Delteil ; envers Temple, dont pourtant il fut proche, rien ne reste d'une quelconque complicité, et tout reste dans la distance professionnelle la plus froide. Un livre pour collectionneur compulsif, dont je suis ; mais pour lire du Miller, du vrai, allez plutôt voir l'un de ses 70 autres bouquins.

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