Graine de Violence (Blackboard Jungle) (1955) de Richard Brooks
Toujours à l'affût des conseils avisés de nos lecteurs - thanks Alfio -, j'ai maté ce Blackboard Jungle de Richard Brooks où Glenn Ford se plaît à jouer les profs d'anglais à la Bégaudeau et les gamins à jouer aussi mal les ptits caïds merdeux et violents que ceux de La Journée de la Jupe (...). On sent bien que ce bahut ricain - genre de lycée professionnel - dans les fifties renferme autant de futurs prix Nobel que l'établissement Albert Einstein à Montluçon (petite dédicace personnelle purement caustique... sorry) : un joli petit mix de communautés (du black - Sidney Poitier tout jeunot -, du Rital, de l'Irlandais...) où aucun étudiant ne semble véritablement vouloir relevé le niveau ; le temps de les faire asseoir, la cloche sonne, tu dis un truc, ils se marrent d'un rire aussi gras que celui provoqué par un sketch de Laurent Gerra, tu as le malheur de te retourner pour écrire au tableau, ils te balancent une balle de base-ball, tu les prends un peu de haut, ils sortent un couteau... Bref, une sale génération de gamins sans repères qui ne montrent plus aucun respect devant l'autorité, l'éducation, la politesse... Le plus rassurant dans l'histoire étant qu'en fait cela date d'au moins 67 ans. Face à eux, l'immense Glenn Ford, ancien militaire de la Marine qui va te les putain de dresser... Nan, pas vraiment, le Glenn est plutôt un doux, un calme, un empathique, un patient. Il fait fi des discours peu optimistes de ses collègues et pense qu'il y a toujours un moyen d'intéresser les gaziers et de leur apprendre quelque chose. Facile à dire et le Glenn va quand même morfler sévère tout au long de cette première année : attitude de défiance en classe, agression in the street, lettre anonyme à sa fragile chtite femme... (l'inoubliable Anne Francis de Forbidden Planet : les lettres accusent son mari de fricoter avec une collègue (Margaret Hayes, la quarantaine épanouie...) ; la chtite Anne, enceinte, qui sort d'une fausse couche, va forcément morfler également en route). Glenn a beau mettre ses espoir en le gars Sydney (gros bras mais vrai cerveau) qui fait un peu la pluie et le beau temps dans la classe, passer des dessins-animés tout couillons qui motivent ses troupes, il ne peut s'empêcher de se prendre de plein fouet les sarcasmes d'un certain West notamment qui plombe l'ambiance de la classe... Va-t-il être capable de tenir le cap ou enverra-t-il balader sa classe de ptits cons immatures ?
Brooks pose bien le sujet - putain, l'éducation dans certains cas et quartiers, c'est dur... -, il est un peu dommage qu'on voit un peu trop les ficelles de sa démonstration (accroche-toi, Glenn, accroche-toi...) avec des personnages finalement assez peu subtils dans leurs caractéristiques (le violent meneur de gang, l'idiot du village (pardon de la classe...) qui va finir par prendre le dessus sur le gars violent à l'aide d'un drapeau américain - ouah la métaphore...), le gros bras éclairé, le prof pugnace...). L'idée part d'un bon sentiment en s'attaquant à un sujet finalement peu traité (encore plus à l'époque, m'est avis), mais on a souvent le sentiment de deviner à l'avance le déroulé de chaque séquence - à part le gars qui passe par la fenêtre la tête la première, j'avoue (ils veulent le faire craquer, font les branle-manettes, le poussent à bout, mais il résiste... il risque même de finir par se faire respecter : nan, il n'est point inutile ! Ah prof, quel sacerdoce). Même si les rapports entre Poitier et Ford sont "intéressants" (désolé, j'ai po mieux, là) - les deux peuvent s'apprendre quelque chose -, demeure une impression finale quelque peu mitigée (peut-être à cause de la direction des gamins relativement en free-lance... fanfaronner, ok, mais c'est souvent too much). 13/20 ? Oui, allez, il faut récompenser tout de même l'ensemble des efforts produits.