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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
1 décembre 2012

Shame (2011) de Steve McQueen

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Hunger était tout sauf honteux, Shame laisse méchamment sur sa faim... Bien difficile de ne pas envisager ce film comme une adaptation (tardive) d'un bouquin de Bret Easton Ellis : il est question d'un jeune type friqué, beau, solitaire, addict au sexe ; malheureusement, outre le fait que cela ait un méchant petit air de "déjà lu", la démonstration de McQueen tourne un peu à vide... On comprend bien que le gars Michael Fassbender, à l'image du virus qui s'est propagé dans son ordi, est un grand malade du sexe (consommation effrénée de revues porno, de sites porno, de putes porno, de boîtes porno (ah homo, une ptite variation), d'appart porno (et un threesome, un)...) et que sa chtite sœur qui vient squatter chez lui n'est guère plus stable mentalement vu les multiples cicatrices horizontales sur son bras droit, une vraie squaw... ou secouée - c'est selon. Au rayon sex and blood, Shame est particulièrement bien achalandé et il faudrait être aveugle pour ne pas voir que nos deux héros modernes sont malheureux comme la pluie ; là où McQueen joue plus les ptits malins, c'est en laissant dans le flou tout un pan de son histoire comme pour mieux faire cogiter son spectateur... sur des détails dont finalement il se brosse (quel est le taff de Fassbender, hein ?, quel est exactement le traumatisme dont lui et sa sœur ont été victimes petits - on comprend bien que cela doit être en relation avec leurs parents restés en Irlande mais quoi exactement (des viols, des maltraitances physiques, des repas exclusivement constitués de pommes-de-terre ?...), quel est vraiment le sens de cette fin toute bécasse genre, "je sais que je suis malade mais c'est plus fort que moi, voilà, voilà, j'y peux rien..." ou plutôt "attend mec, maintenant je contrôle"... ?)... Au niveau de sa trame principale, par exemple, le gars enfonce bien le clou (métaphore et euphémisme, bien sûr) : Fassbender surconsomme du sexe mais n'est po capable, le bougre, de sentiment (sa plus grande relation a duré quatre mois, bouhhhh...); pour preuve sa relation avec sa sublime collègue (Nicole Beharie - et voilà, je suis encore amoureux...) : il ne craque pas le premier soir (bravo) mais ne peut s'empêcher de l'emmener dès le lendemain dans une chambre d'hôtel ; séquence passion, sensualité, émotion mais voilà c'est trop pour notre Michael a-sentimental et c'est la biroute, pardon la déroute. Trop dommage. Et sinon ?

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Alors voilà, bien facile de descendre ce Shame sur le fond (comment dire, une resucée ellisienne ?... Mouais) mais sur la forme McQueen est quand même loin d'être un manchot : cadres millimétrés, plans séquences calibrés, scènes de coucherie toujours filmées à la bonne distance et joliment montées (comme Fassbender d'ailleurs, si je peux me permettre un aparté limite...), aisance évidente dans la mise en scène, belle ambiance cotonneuse... Nan c'est vrai que c'est indéniablement du beau boulot. Rien que cette première séquence, montée en plusieurs temps (Fassbender mate une gorette dans le métro), montre toute la facilité du gars : un montage en champ / contre-champ somme toute ultra basique mais on ne peut s’empêcher de ressentir tout le "fluide", la connivence qui passent entre ces deux individus ; McQueen sait également nous gratifier de quelques jolis "petits moments suspendus" de toute beauté (Carey Muligan, la soeur de Fassbender, se lançant dans une version ultra minimaliste de New York, New York ; Fassbender filmé in extenso lors de son footing nocturne dans les rues de Manhattan ; le plan-séquence de la scène de la biroute qui monte joliment en puissance avant le... ooops...)... Bref po à dire, avec la ptite musique qui va en plus toujours bien, bel ouvrage, oui bel ouvrage... Un peu vain, quoi. Certains ont crié au chef-d’œuvre, d'autres à la daube, eh ben quitte à passer pour un tiède du modem, j't'y mettrai deux ptites étoiles. Rien de honteux, c'est ça, et McQueen a démontré qu'il en avait quand même sous la pédale... Je reste confiant pour son 3ème opus, voilou.   (Shang - 11/04/12)

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Assez d'accord avec mon camarade. Peut-être un peu moins sévère, mais d'accord (cela dit, et pour titiller le Shang, je ne saisis pas la différence franche entre ce cinéma-là et celui de Hal Hartley... coup bas). C'est quand même très joli, ces amples mouvements de caméra, ces travellings longuissimes le long de rues kubrickiennes, cette photo lêchée jusqu'à la déréalisation, et ma foi, si ambiance à la Easton Ellis il y a, eh bien je suis client : j'adore cet auteur, qui ne me paraît d'ailleurs pas beaucoup plus profond que botre compère McQueen, et ce dernier réussit parfaitement à rendre ces ambiances effectivement assez proches entre superficialité formelle et douleur enfouie. C'est vrai que le scénario est un peu balourd, moi j'aurais carrément enlevé le personnage de la soeur : ça nous aurait évité, et d'un, la version de New-York New-York assez naze, et de deux, les gros traits psychologisants ("mais tu accumules les nanas alors que tu sais même pas aimer ta soeur", c'est ça la vraie "shame" du titre, Mc Queen serait-il un sombre réctionnaire coincé ?). Pareil pour cette scène où on découvre que le gars ne peut plus bander dès lors que le sexe n'est plus tarifé ou qu'il s'accompagne de sentiments : c'est épais.

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Cela dit, je le répète, j'ai trouvé le film envoûtant, tout en atmosphères, et quand Mc Queen ferme un peu sa gueule de moraliste, il parvient à atteindre une ambiance mystérieuse, pleine de non-dits, qui marque des points. Fassbender (très bon) excelle à rendre profond un personnage qu'on ne voit pourtant rien faire d'autre que baiser, se masturber et courir. Son visage torturé, son beau corps fatigué, la sobriété de son jeu, rendent ce personnage à la fois opaque et attachant. On n'arrive pas à saisir ce qui nous fait mal chez lui, mais l'impression est bien là. Dans les séquences de sexe, effectivement excellemment mises en scène, le trouble apparaît, et aussi cette amertume toute empreinte de spleen contemporain qui fait la marque de la littérature américaine d'aujourd'hui (on pense à Easton Ellis, certes, mais aussi à McInnerney ou Delillo). Une sale tristesse, quoi. Le film, quand il laisse de côté son côté signifiant, atteint souvent une vraie beauté glaciale, et c'est déjà très précieux. Je reste confiant pour son 3ème opus, voilou.   (Gols - 01/12/12)

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Commentaires
B
Assez d'accord avec les deux : le film ne m'a pas vraiment convaincu d'un point de vue scénaristique, mais il est vraiment beau. La scène ratée : New York New York. J'ai cru qu'elle ne finirait jamais. <br /> <br /> Mais bon, ça laisse effectivement confiant pour la suite.
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F
Moi je suis d'accord avec Gols, j'aime assez le film.. Les scènes du début et de la fin dans le métro, troublantes... Les regards, les corps, les couleurs, et puis la tristesse et la solitude qui se dégagent de l'ensemble.
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