Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
29 mars 2012

Cette sacrée Vérité (The awful Truth) (1937) de Leo McCarey

vlcsnap-2002-03-29-09h41m07s75

Comment j'avais pu passer à côté jusque-là (ben oui, jamais vu dis donc !) de cette merveille, de ce chef-d’œuvre (ah oui, on en est là) comique. Ah ma bonne dame, on savait y faire à l'époque, dit-il avec une bonne dose de nostalgie... si jamais on prenait encore le temps d'écrire des dialogues et si jamais on avait encore sous la main des acteurs comme Cary Grant... Parce que oui, je suis, comme tout le monde (qui n'aime pas Cary Grant, hein ?) un vrai fan du gars ; oui, le moindre regard en coin du type, le moindre petit air consterné du bonhomme, la moindre mimique étonnée du gars, me plie en quatre. Mais quand, en plus, il se retrouve dans une histoire écrite sur mesure pour afficher sa jalousie, sa mauvaise foi, dans des situations grotesques (dans la salle de bain de son "ex-femme en devenir" avec un autre amant, sur le guidon de la moto d'un flic...) où notre homme tente de garder sa dignité en prenant l'air pincé, il est tout bonnement génialissime. Irene Dunne, face à lui, se révèle une parfaite sparring-partner, étant capable de jouer avec la même finesse les situations les plus drôles, sans jamais tomber dans l'hystérie ou la facilité. Elle sait garder jusqu'au bout une "belle tenue" aussi à l'aise dans les gags visuels (la danse avec son bouseux de l'Oklahoma, ses dandinements lorsqu'elle prétend être la sœur de Grant devant les futurs beaux-parents de celui-ci) que dans les dialogues (cette discussion sur la fin entre les deux "ex-futurs-partenaires" qui frôle l'absurdité totale...). Comme même les animaux (un chien et un chat noir dressés au taquet) ont le sens du timing, tout en jouant naturellement (...), on se demande bien ce qu'on pourrait reprocher à cette œuvre de McCarey.

vlcsnap-2002-03-29-09h41m37s138vlcsnap-2002-03-29-09h41m49s246

Une histoire forcément simplissime : un couple se sépare (les deux faisant preuve d'une certaine mauvais foi quant à leur fidélité) ; elle projette de se marier avec un roi du pétrole, il lui pète son coup ; il projette de se marier avec une richissime héritière, elle l'humilie ; ils devraient s'en vouloir à mort, pensez-vous, ils sont tout contents de pouvoir se rabibocher : parce qu'il était drôle, parce qu'elle l'était aussi (parolier de Michel Sardou, c'est quelque chose qui reste à mon niveau). Dès le passage au tribunal pour procéder au divorce et cette séquence où les deux se battent pour la garde... du chien (oui, forcément, McCarey me prend par les sentiments...), on sent qu'on va atteindre quelques grands moments de comédie pure. Dunne et Grant, derrière leurs petits airs offusqués et leur mauvaise foi d'anthologie, ne seront jamais les derniers à se mettre plus bas que terre pour avoir gain de cause. Et ce décalage entre leur prétendu dignité et leur bassesse provoque bien sûr quelques étincelles de pure comédie. La tronche de Grant quand il présente sa nouvelle fiancée à son ex (il ne sait plus où se mettre quand elle se lance dans son numéro de chant et que sa robe s'envole à chaque refrain) ou la gêne de Dunne quand son fiancé se lance dans une danse des plus "démonstratives" et ridicules sont autant de grands moments joués à la perfection. Même les situations les plus vaudevillesques (Grant caché derrière une porte ou dans la salle de bain) finissent par faire marrer : Grant, dans la salle de bain, reste de marbre pendant quelques instants devant cet autre amant caché, gardant parfaitement la face, puis explose en un quart de seconde - c'est bien s12r ensuite le pugilat... La séquence du chien qui s'amuse dans l'appartement à aller chercher le chapeau des "invités" est quant à elle un pur exemple du génie de la mise en scène de Carey : le sens du rythme, du timing, du montage... tout en ayant, comme l'un des acteurs, un animal : c'est une vraie merveille (Hazanavicius a du s'en souvenir...)...

vlcsnap-2002-03-29-09h42m30s156vlcsnap-2002-03-29-09h45m13s238

Le final est tout autant réussi : on passe de la poilade totale - la scène sur la moto, même Irène Dunne a du mal à garder son sérieux - à la petite conclusion romantique où nos deux héros reculent au maximum l'instant de dire "je t'aime" : ils se lancent dans de longues phrases alambiquées derrière lesquels ils dissimulent encore et toujours leur sentiment, mais on sent bien que ces deux-là sont faits l'un pour l'autre. The awful Truth n'est po de ces comédies douces-amères rances, qu'on se le dise, mais figure bel et bien au panthéon des plus grandes comédies romantiques (où la romance n'arrive jamais, au mieux, qu'en conclusion...). Cela donne envie de refaire un ptit tour dans la filmo de McCarey, tout à fait mes seigneurs.

vlcsnap-2002-03-29-09h44m19s210vlcsnap-2002-03-29-09h44m46s202vlcsnap-2002-03-29-09h46m33s27

Commentaires
Derniers commentaires