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27 mars 2012

Capitaines courageux (Captains courageous) (1937) de Victor Fleming

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Captains courageous est-il un film pour enfant ? Je répondrais par l'affirmative, uniquement dans le but d'éviter aux adultes de verser de grosses larmes de crocodile. Il y a du beau monde au générique (Fleming, Kipling, Waxman, Spencer Tracy, Lionel Barrymore, Mickey Rooney, Melvyn Douglas, John Carradine...) et on se dit que cela fleure bon le film d'aventures en pleine mer. On comprend vite qu'il va surtout s'agir de parler de la quête initiatique d'un gamin tête à claques au possible (Freddie Bartholomew... ce nom me dit quelque chose...) : une mère décédée, un père richissime qui n'entretient de rapport avec son fils que pour lui filer une paquet de dollars et on obtient un gamin puant, arrogant, calculateur, opportuniste, merdeux... Dès la fin du premier quart d'heure, on se demande si on sera capable de le supporter tout du long (le gamin est un vrai moulin à paroles et Fleming de faire péter un rythme incroyable au niveau de l'enchaînement des dialogues... Ça fuse, comme on dit) et quand il se mange une patate par l'un de ses camarades de classe, on applaudit à deux mains. Le père est décidé, lui, après un petit rendez-vous avec le directeur de l'école qui n'est point dupe des coups fourrés du fils à papa, à reprendre les choses en main pendant les vacances mais lors d'une traversée en mer, le gamin qui a encore essayé de se la péter grave tombe à l'eau... Il est alors récupéré miraculeusement par un bateau de pêcheurs qui, malgré les promesses du gamin de recevoir une fortune s'ils le ramènent à son pôpa, décident de le garder à bord durant de longues semaines, le temps de la saison de pêche. Le gamin fait sa grosse tête de lard et il se mange une méchante baffe par le Capitaine : tout en étant, personnellement, le garçon le plus pacifique et non violent du monde, je dois bien reconnaître qu'on l'excuserait presque... Petit, va falloir que tu apprennes un peu à la fermer, ouais.

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Fi de la méthode d'éducation (trop) à la dure puisque l'un des marins (Spencer Tracy avec une étrange moumoute toute bouclée) va décider de le prendre sous son aile. Spencer n'est pas du genre à lui faire des cadeaux, il va juste veiller sur lui et lui faire comprendre qu'il peut mettre dorénavant son esprit retors dans ses poches. Le film n'est que ça et tout à la fois : le vieux Spencer qui a roulé sa bosse sur toutes les mers n'est pas du genre à se la laisser raconter et le gamin comprend peu à peu qu'il a trouvé là le parfait père d'adoption ; ni trop coulant, ni trop donneur de leçon, Spencer s'occupe du gamin sans jamais dévier d'un iota sur ses principes et le bambin, au fil des jours et des aventures, d'estimer à sa juste valeur ce gars "d'en bas" - juste au niveau de la mer... On ne tombe jamais dans le cucul-la praline et on sent toute la chaleur humaine qui passe entre ces deux-là. Loin des sommets sociaux de son pater, le gamin tombe de haut mais trouve peu à peu sa place parmi cette confrérie de marins qui taffent leur mère.

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On avait jusqu'ici évité les tempêtes et les drames, on les voit dangereusement venir à l'horizon... Le ciel risque de nous tomber sur la tête et sur celle du gamin... Toute initiation a son lot de tragédie, vi... Fleming nous embarque corps et âmes dans ces barcasses de pêcheurs au long-cours tout en sachant filmer au plus près ses deux personnages principaux. Sans jamais que retombe l'intensité de cette dure vie de labeur en mer, il sait prendre son temps pour développer la relation qui se noue entre ce solitaire bienveillant et ce petit merdeux qui a tout à apprendre. Un film de Fleming qui a du souffle, des embruns et des larmes amères. Bien belle œuvre rondement menée et touchante à souhait. Autant en emporte le vent marin, si la formule a jamais voulu dire quoique ce soit...

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