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20 mars 2012

LIVRE : Ils ne sont pour rien dans mes Larmes d'Olivia Rosenthal - 2012

ils_ne_sont_pour_rienVoilà une très belle déclaration d'amour au cinéma, qui m'a laissé tout chose. On ne s'attend pas à une telle "chaleur" de la part de l'auteur du glaçant Que font les Rennes après Noël, et on est d'autant plus surpris : ce petit essai chamboule, pour peu qu'on ait un jour ou l'autre senti qu'un film pouvait bouleverser votre existence. C'est d'ailleurs la question qui sert de point de départ au projet : Rosenthal a posé à quelques personnes la question fatale : "Quel film a changé votre vie ?". Elle aligne ainsi les témoignages d'anonymes, et tresse savamment un écheveau serré entre émotions cinématographiques et vie privée, rendant compte d'une évidence : un film change votre vie quand il rentre subitement en résonance avec vos joies ou vos peines du moment, quand il arrive à la bonne heure au bon endroit, en quelque sorte. Au détour d'un de ces témoignages, on sent que la dame approche à quelque chose de vrai, d'hyper-sensible : peu importe finalement ce qu'on voit à l'écran, ce qui compte c'est surtout que le cinéma est le lieu où l'on peut s'abandonner dans le noir, se laisser aller à éprouver ses vraies émotions, et la surface de l'écran n'est que l'espace idéal pour projeter notre propre vie. Ça paraît évident, mais cette somme de textes le montre avec netteté et joliesse.

On croise ainsi quelques textes très intelligents : celui sur Vertigo, où Rosenthal noue ensemble le film de Hitch, son propre vertige et la mort de sa sœur défenestrée ; celui sur Douze Hommes en colère, résumé assez fulgurant de l'existence humaine en quelques images simples ; celui sur La Nuit américaine, réhabilitation poignante du personnage joué par Nathalie Baye ; celui sur L'Arbre aux Sabots, où comment un film rural en langue régionale de trois heures peut subitement rencontrer une lycéenne perdue ; ou enfin, sommet du livre, le dernier texte sur Les Parapluies de Cherbourg : je pensais connaître la scène finale de ce chef-d’œuvre absolument par cœur, voyez-vous, et je pense que j'aurais donné également ce titre à Rosenthal si elle m'avait posé la question ; eh bien la dame parvient à faire une remarque sur une phrase a priori anodine prononcée par Deneuve lors de cette scène, qui parvient tout simplement à révolutionner ma vision du film, oui madame, oui monsieur. Je ne vous en dirai pas plus, mais que tous les fans de Demy se précipitent là-dessus, y a du scoop. Finalement, Rosenthal aborde le cinéma de la plus belle des façons (déjà amorcée avec son analyse de La Féline dans son livre précédent) : celle de l'émotion, du souvenir, de la marque indélébile qu'il peut laisser sur une vie, que le film soit bon ou mauvais (il y a Rouge de Kieslowski, dans la liste). Grand livre sur le cinoche, à l'égal de ce que Djian avait pu faire pour la littérature américaine avec Ardoise, un petit côté expérimental en plus : parfait.

Commentaires
D
Je n'ai pas encore lu le livre mais je crois savoir à quoi vous faites référence à propos des parapluies<br /> <br /> <br /> <br /> Connaissez vous Olivia Rosenthal cinéaste?<br /> <br /> http://vimeo.com/39041100<br /> <br /> <br /> <br /> D.
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