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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
29 décembre 2013

J. Edgar (2012) de Clint Eastwood

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Biopic aux allures d'immense requiem pour un con (...) avec ce récit qui s'attache à la psychologie tourmentée du gars Hoover. C'est d'une extrême sobriété, comme si Eastwood s'était complu à ne pas faire de scène d'action, c'est esthétiquement très soigné - l'image flotte constamment dans des tons bruns, gris du meilleur effet qui frôleraient presque parfois le noir et blanc tant les couleurs sont atténuées -, c'est malicieusement monté avec ces nombreux flashs-back qui évoquent tour à tour les faits d'arme dont Edgar est le plus fier (vision subjective) et ses déboires sentimentaux (vision a priori objective (...)) tout en le montrant au présent, véritable roc de complaisance qui ne veut rien lâcher, Caprio, Hammer, Watts, Dench font le boulot et même un peu plus que ça... Mais l'ensemble, avouons-le franchement, m'a guère fait vibrer... Peut-être à cause de ce sens de la reconstitution un peu trop clean et sans guère d'âme, peut-être à cause de ces affreux maquillages qui font de Caprio et Hammer des espèces de vieux du Muppet Show un jour de carnaval, peut-être à cause de la trame dont on comprend assez vite tous les ressorts et les aboutissants ? Mouais, le fait est que cet Edgar a peu de chance de me marquer...

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Revenons donc à la trame qui monte donc en parallèle ce désir homosexuel refoulé (Hoover, fils à maman, fidèle à sa secrétaire qui lui rend bien (professionnellement), s'interdisant toute liaison avec son second plus par peur de la morale sûrement que par celui du scandale) et cette vie passée à la tête du FBI à vouloir posséder un dossier sur chaque individu, comme pour pouvoir posséder dans une sorte de dangereux transfert leurs secrets. Dire que le gars Edgar est un gars intérieurement tourmenté, c'est un euphémisme : il s'agit ni plus ni moins d'un homme qui a passé sa vie à vouloir se montrer intransigeant autant avec lui-même (ne rien laisser apparaître de ses affinités sentimentales) qu'avec les autres (ses principaux chevaux de bataille : les coco, ceux qu'ils nomment les agitateurs en tout genre (King) et la pègre) avec un sens du jusqu'au-boutisme hallucinant (son dernier combat pathétique contre King)... On voit bien en creux le portrait de l'Amérique qu'Eastwood voudrait dresser, toujours prêtes à accuser, jamais apte à avouer ses propres "faiblesses". Et une volonté, à l'image du livre-bilan que dicte Edgar à la fin de sa vie - une oeuvre truffée de mensonges -, à chercher à maquiller le passé pour constamment redorer son blason. C'est forcément bien vu mais la démonstration est un peu mollassonne - on attend le moment où Tolson et Caprio vont enfin prendre le temps de se parler (une scène un peu rapidement évacuée), où le personnage de Watts va enfin sortir de sa "réserve" (personnage malheureusement trop vite sacrifié), où le film va s'emballer (nan, zen...). J. Edgar fait figure de film réalisé par un grand sage (Eastwood, trois courbettes) qui, à mes humbles yeux, a tout de même bien du mal à émouvoir, à emballer complètement le spectateur qui reste un peu "extérieur" à cette - jolie - démonstration/reconstitution.   (Shang - 27/02/12)

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Je suis du même sentiment que mon gars Shang, vraiment pas emballé par ce biopic plus qu'académique, qui répond à toutes les normes de la contruction et de la réalisation en cette matière. C'est du travail propre, mais fade, et ce ne sont pas les numéros d'acteurs et la reconstitution poussiéreuse qui ajouteront de l'intérêt à cette trame archi-vue. Au mieux, on apprend des choses sur Hoover, ce qui n'est pas si mal : un film pédagogique, bon, qui sent déjà l'amidon et la salle de classe, mais qui peut s'avérer intéressant pour qui est peu au fait de la biographie du chef du FBI : c'est un con, comme le dit justement Shang, mais c'est aussi le gars qui a inventé le mode d'enquête moderne, qui a introduit la science dans les investigations criminelle, et c'est plutôt sympa de s'entendre raconter cette histoire avec sobriété (dans la mise en scène ou dans le casting féminin) et précision. Mais c'est vrai qu'on voudrait beaucoup plus de la part de Clint que ce film qui aurait pu être réalisé aussi bien par n'importe quel bon artisan d'Hollywood.

J-edgar

Il y a une clé dans le film qui laisse entrevoir quel bon concept elle aurait pu donner. En héritier du western, Eastwood se souvient de la fameuse phrase : "Si la légende sonne mieux que la réalité, raconte la légende", entendue chez Ford. Une des intentions de J. Edgar est bien de s'intéresser à la légende plus qu'aux faits, et on aurait aimé qu'il pousse cette idée plus loin. Filmer la biographie de Hoover, mensongère, qui le montre en héros mitraillette au poing arrêtant les méchants gangsters, puis nous renverser dans les dernières minutes en nous montrant un vieillard empêtré dans le mythe qu'il s'est construit. Il y avait de la place pour une des choses que je préfère au cinoche, expérimentée par Hitch par exemple : le flash-back mensonger. Et Clint la tente bien dans le dernier quart d'heure, timidement : Hoover est tellement habitué à sa fausse image qu'il n'arrive plus à la différencier de la réalité, et il lui faut son vieil amant pour lui remettre les pieds sur terre (dans une scène qui, pour ma part, m'a semblé enfin très réussie). Mais cette bonne piste de cinéma (raconter entièrement une vie faussée par la légende, puis l'opposer à la vérité crue et triviale) est bien trop audacieuse pour un gars comme Eastwood ; il la gâche en l'annonçant à l'avance dans tout son film, en nous gâchant le plaisir par ses répétitions, ses allers et retours entre "vrais" flashs-back et scènes purement hollywoodiennes. Du coup, les seules vraies bonnes séquences sont celles de la fin, furtives, où on revoit des scènes du film, mais telles qu'elles se sont vraiment passées. Le personnage d'Hoover y apparaît en véritable metteur en scène de sa vie, fasciné par le mythe du super-héros qui arrête les méchants, alors que son existence est bureaucratique, triviale, assez pathétique (ses intéressants rapports avec sa secrétaire, saccagés par son ambition et sa mythomanie). Il aurait fallu raconter le film à la première personne, du point de vue de Hoover, et ensuite nous le re-raconter selon les faits ; là se cachait la piste de ce bazar, que Clint entrevoit mais n'a pas les glaouis de filmer. Laisser voir un grand film ne suffit pas pour en réaliser un : là, c'est donc raté.   (Gols - 29/12/13)

j_edgar3

All Clint is good, here

Commentaires
A
Quand on connait un peu la vraie vie de cette canaille de Hoover, on trouve cette biopic encore plus insupportable. Di Caprio s'était déjà compromis dans The aviator, la bio d'une autre crapule Howard Hugues. Les grandes figures de l'extrême droit ne lui réussissent pas. Hoover était complètement sous l'emprise de la mafia, ce qui entre autres choses lui rapportait pas mal de fric aussi. Il était complètement corrompu. Probablement ce type qui a régné 40 ans sur le FBI était il aussi fou.<br /> <br /> <br /> <br /> http://alexandre.clement.over-blog.com/article-anthony-summers-le-plus-grand-salaud-d-amerique-the-secret-life-of-j-edgar-hoover-le-seuil-1995-121697840.html
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