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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
25 février 2012

Source Code de Duncan Jones - 2011

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Les critiques ont été plutôt tièdes vis-à-vis de ce film, mais personnellement je l'ai trouvé supérieur à Moon, le précédent de Jones, qui était cela dit déjà intéressant. Pour tout dire, j'ai même été emballé par ce divertissement sentimental qui développe mille et une possibilités purement cinématographiques, s'amuse avec les concepts de science-fiction grâce à un scénar très retors, et vous cloue le bec au final par sa sensibilité et sa force de narration. Oui, madame. Jones sait décidément parfaitement dégager de l'humanité au sein du grand cirque hollywoodien, et semble définitivement préférer l'intimité au grand spectacle, je lui en sais gré.

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L'histoire est complexe et hitchcockienne à mort (beaux échos hermaniens d'ailleurs dans la très inspirée musique de Chris Bacon, qui donne un générique de début qu'on croirait extrait de North by Northwest). Pour résumer rapidement, disons qu'un gars est renvoyé inlassablement dans le même espace-temps : les 8 minutes qui précèdent un attentat dans un train. Son but est de découvrir, durant ce laps de temps, qui a commis l'attentat. Un retour dans le passé qui se conclue inlassablement, donc, par la gigantesque explosion du wagon et par la mort, répétée à l'envi, de notre héros. C'est déjà très effrayant de découvrir cette suite de scènes identiques dont on sait qu'elles conduiront toutes au traumatisme de l'explosion. Mais Jones tend encore plus son histoire par la pression qui est exercée sur le héros : il doit trouver qui va tuer, pendant 8 minutes, et je peux vous dire que c'est très court. Là où il y a une très grande idée de cinéma là-dedans, c'est que cette même séquence, d'abord presque codée tant elle regorge de détails, va mettre 1h40 à être décodée : Jones revient toujours au même endroit, mais élargit progressivement son champ, développe certains détails, filme de plus en plus large, évoque d'autres issues possibles, ajoute un contre-champ ici qui va dévoiler un détail passé inaperçu, rajoute trois secondes là pour faire entendre une phrase qui nous avait échappée. En gros, c'est comme une enquête faite avec les outils du cinéma, où le montage servirait de détective. Magnifique travail pratique sur la puissance de la subjectivité du cinéma, sur l'orientation du regard, et qui évoque donc ces fameux films hitchcockiens qui eux aussi viennent fouiller inlassablement une séquence jusqu’à ce qu'elle rende tout son jus (de Bon Voyage à Stage Fright).

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Ça se complexifie encore quand notre héros, en plus de résoudre cette enquête, doit tenter de percer les secrets de son présent (qui l'envoie dans le passé ? pourquoi ? que s'est-il passé lors de sa dernière mission en Afghanistan ?). Du coup, ces flash-backs vont plus servir à expliquer son état actuel que ce qui s'est passé dans le train, vous me suivez ? Les séquences du présent, moins inspirées parce qu'asservies à une esthétique futuriste usée (malgré la bonne idée du monde extérieur qui se fissure en même temps que le mental du personnage), réservent également leur lot de surprise et de concept SF vertigineux. Par-dessus le marché, le gars doit aussi s'occuper de sa vie sentimentale, entre une des passagères qu'il rêve de sauver et un conflit irrésolu avec son père. Ça fait des grosses journées, oui, surtout réduites à 8 minutes. Cette veine sentimentale est joliment creusée, notamment dans les rapports finement dessinés entre le héros Stevens (Gyllenhaal, très bon) et son chef Goodwin (Vera Farmiga, visage futuriste où apparaissent le tourment et l'admiration comme des petites lumières), jusqu'à un final entièrement voué à l'émotion et qui vous laisse tout chose (je ne parle pas des deux dernières minutes qui gâchent une grande partie du scénario en voulant tout résoudre, mais de la suspension du récit juste avant, qui est un des moments les plus forts que j'ai pu voir récemment). On reste toujours dans le spectacle, dans le suspense, mais on reste également au plus près des sentiments : c'est rare quand Hollywood sait ainsi écrire un scénario aussi "parfait", qui continue à distraire tout en émouvant et en rentrant toujours plus loin dans les traumas d'un personnage. Alors même si la mise en scène est parfois un peu cheap, Source Code est une très belle réussite. Je l'avais dit qu'il irait loin, ce Duncan. (Gols 12/06/11)

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19693276Moi qui regarde que des films en noir et blanc avec plein de rayures et en son en mono, je me suis dit diable, comment je vais tester mon nouveau système 3 D home cinéma que j'ai acheté rien que pour faire chier mes voisins ? L'ami Gols avait vu et aimé ce film d'action, j'ai sauté sur le Blue Ray chinois piraté - 15 yuan, une bouchée de pain, ça vaut vraiment po la peine de télécharger (Et Hadopi, vexé, ferma notre site, trop bête...). Bref, franchement cela déchire et dès le générique, avec ce plan aérien qui fonce sur le train juste au dessus d'une mare d'où un canard s'envole ("COIN-COIN", chérie, y'a un canard dans la maison ? Ohoh), je me suis dit que j'avais fait l'affaire du siècle même si je n'allais regarder qu'un film hollywoodien par an - j'ai toute une série de muet à voir, ma femme risque encore de me regarder pathétiquement - le silence en surround, c'est beau aussi, non ? Bon revenons au film sinon vous allez vraiment croire que j'ai rien à dire. Nan franchement, c'est po mal dans le genre. Un genre de mix entre Dans la peau de John Malkovitch prof, Inception (dans quel monde erre-je ?), et Retour vers le Futur en repassant vachement de fois par le passé : on en prend plein les mirettes et les tympans et j'ai dû finir par devoir expliquer le film à mes voisins qui avaient semble-t-il beaucoup apprécié toute la série d'explosions - mon chinois est limité, j'ai dû faire des schémas. Ayant en tête la chronique de mon éminent camarade, je m'attendais un peu plus à ce que Duncan tente d'extraire toute la sève de ces huit minutes. On sent qu'au bout d'un moment, le concept finit presque par l'ennuyer lui-même et il nous sert parfois des montages à la mitraillette un peu too much. Les seconds rôles sont aussi un peu traités par dessus la jambe avec ces personnages trop typés (Michelle Monahagan incluse)... Heureusement, les relations entre Gyllenhaal et Farmiga apportent un peu de poids à la "dimension humaine" du bazar et leur face à face constitue une des vraies réussites du film - quand les scènes plus intimes finissent par l'emporter sur l'énorme barouf hollywoodien, c'est en effet toujours une petite satisfaction. Dommage toutefois que Duncan nous servent une demi-douzaine de petits twists finaux alors qu'il tenait déjà une excellente fin. Du bon film de divertissement suffisamment malin pour qu'on y trouve notre dû, ne faisons point la fine bouche. Retour au muet, de toute façon, maintenant, je suis sourd. (Shang 25/02/12)  

Commentaires
H
Un film que j'avais plutôt apprécié malgré quelques défauts.<br /> <br /> <br /> <br /> http://sepuku.canalblog.com/archives/2011/09/13/22021036.html
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G
Félix > ah oui, tu es sévère, dame ! Mais tu ne parles pas du tout de ce côté "retour à la même séquence" qui fait selon moi toute la qualité du bazar. Tu ne trouves pas que cette piste est bonne ? En y réfléchissant, je trouve que le film peut évoquer le grand "Groundhog Day", cette façon de revenir éternellement au même endroit jusqu'à ce que le cinéma (et le héros) ait résolu quelque chose, une romance, une enquête, ou autre. Formidable essai sur le cinéma lui-même... Voir aussi le récent "Je suis un no man's land", moins réussi, de Thierry Jousse.
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F
De notre côté, nous avons été assez déçu, après avoir bien apprécié le premier essai de Duncan Jones. Mais quand je lis votre critique, je constate que votre point de vue se défend bien. :)<br /> <br /> http://ilaose.blogspot.com/2011/05/source-code.html
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H
Tiens, tu m'as donné envie de le voir ce film alors qu'au départ il ne me disait rien.
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G
Dites voir, Romain, hein, non mais dis.
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