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20 février 2012

La Vallée de la Peur (Pursued) (1947) de Raoul Walsh

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Deux ans avant le magnifique Colorado Territory, Walsh nous livrait cette petite perle de Pursued  ; l'affiche était alléchante, le résultat est meuh-meuh : Robert Mitchum, fidèle à lui-même, absolument extraordinaire dans le rôle de ce type à la coule victime d'une malédiction familiale, James Wong Howe signe là peut-être un des plus beaux noir-et-blanc de western (je pèse mes mots), jouant avec les noirs de façon transcendentalissime, la partition de Max Steiner est particulièrement au taquet lors de ces grandes envolées à cheval sous des cieux tourmentés, Dean Jagger campe un "méchant" tout en sobriété en restant du début à la fin solidement campé dans ses bottes et dans ses convictions,... Enfin bref, po grand-chose à jeter, quoi. On affectionne ces histoires qui commencent dès l'âge tendre des personnages : le chtit Jeb est récupéré par une femme qui a décidé de l'élever avec ses deux enfants, Thor, la gonze, et Adam, le boy. Toute sa vie le gars Jeb garde en tête une seule image, sorte d'image "fondatrice" qui hante ses nuits : celle d'éperons de bottes de cow-boy qui dansent sous ses yeux alors que de violents flashs surviennent. Tant que Jeb (Mitchum, of course) n'aura pas réussi à mettre le doigt sur le sens de ses images, il semble n'avoir aucune chance d'échapper à une existence maudite (il n'a po plus de chance en amour qu'au jeu...), à un destin funeste : il va passer sa vie à subir ce passé, devant se défendre pour assurer sa survie ; les cadavres commencent à s'amonceler autour de lui et on sent que le Mitch, à chaque fois qu'il flingue, n'arrange guère son cas...  

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Mitchum joue à la perfection cet homme débonnaire qui passe son temps sur le qui vive ; le garçon est gentil mais si on vient le chatouiller de trop près, il se chauffe rapidement. Jeb va passer sa vie à éviter les balles, celles, dès son plus jeune âge, d'un Grant Callum qui a décidé d'éradiquer de la terre tous les descendants de son pater (on se doute que le vieux a dû déconner grave...), celles de son demi-frère qui va nourrir une véritable haine à l'égard du Mitch lorsqu'il en saura plus sur le passé de... leur père respectif, celles d'un prétendant de la chtite Thor qui se fait monter la tête par le chafouin Grant, ou encore celles... du propre amour de sa vie, sa femme ouais (Teresa Wright is Thor) qui est bien décidée à lui faire passer une nuit de noces carabinée... Mitch devient progressivement l'ombre de lui-même (son apparition dans la chambre nuptiale, je vais en rêver cette nuit après avoir fait brûler des cierges en hommage à Howe), prêt à subir cette saloperie de malédiction : tout le monde veut le tuer, ok, servez-vous, mais n'est-ce po un peu bêta alors qu'il n'est apparemment responsable de rien... Le plus ballot, c'est qu'il sait pertinemment que la réponse est en lui, qu'elle fait partie de son être, seulement tant qu'il est incapable d'y voir plus clair, son destin semble vouer à s'assombrir progressivement...

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Le film fait la part belle aux séquences nocturnes - en intérieur (la nuit de noces...) comme en extérieur (le jeune prétendant qui veut descendre mon Mitch, le fight terrible entre Mitch et Adam...) mais sait également nous servir quelques fabuleuses scènes diurne en plein milieu de ce paysage grandiose et cosmique : Mitch n'est qu'un petit point dans cette vaste immensité (lorsqu'Adam cherche à l'abattre ou lorsqu'il se retrouve pourchassé par tout le clan Callum) incapable de pouvoir contrôler cette existence qui le dépasse. Il semble destiné à devoir fuir (quand le hasard est convoqué (il tire au sort avec Adam pour savoir qui va aller à la guerre ou qui va devenir propriétaire du ranch), celui-ci se montre toujours néfaste envers lui), ce qui est en soi un fameux coup du sort quand on posséde en soi toutes les réponses à ses questions, à ses troubles. Pursued... par la malchance et par une image originelle qui contient toute la clé de sa vie. Il va devoir forcément aller jusqu'au bout de l'épreuve pour trouver la sérénité... Dead or alive ? Du grand grand Walsh, du Mitchum à nos souhaits, une image à se damner... Ah nan, j'aime bien.

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Walsh et gros mythe : cliquez
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Commentaires
A
Un western psy de haut vol, une photo et une partition musicale sublimes, Mitchum étonnant de puissance et de fragilité, un grand grand film...
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