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18 février 2012

Det, une petite Fille (Det Yani Dokhtar) d'Abolfazl Jalili - 1995

un-des-chef-d-oeuvres-du-cinema-iranien-det-une-petite_361474_510x255Pas le plus fun des films, assurément, mais vraiment un truc intéressant. L'histoire : une petite fille est paralysée, suite à la mort de sa mère. Son père l'amène à la capitale pour essayer de la guérir, aidé par le frère de la petite. Ils vont tout essayer, depuis la médecine traditionnelle jusqu'à la magie noire, en passant par la prière, l'hypnose et les électrochocs. Âpre histoire, qui s'enfonce souvent dans le glauque (la scène fulgurante des électrochocs, remarquable de concision), et qui, on s'en doute vaguement, comporte sa part de symbolique. N'étant pas au fait de l'histoire de l'Iran, je ne m'aventurerai pas sur ce terrain, mais croyez-moi sur parole : cette trame cache quelque chose... Bon, en tout cas, la mise en scène a largement suffi à mon intérêt pour la chose. A la lisière entre documentaire et fiction, Jalili sait superbement jongler avec les rythmes de ses séquences et le montage, pour le moins elliptique. Le film est lent, mais avance par impressions, par courtes vignettes qui savent toujours s'arrêter au bon moment. Cet effet impressionniste sert très bien la trame, et l'effet "catalogue" des différentes façons de soigner cette pauvre Det y gagne, toutes proportions gardées, un certain humour, ou disons un côté absurde, kafkaien, vraiment inattendu. N'allez pas penser que le film est drôle, bien au contraire il se complaît parfois dans un nihilisme complet ; mais il sait, au 1milieu du sombre, dégager des plages de lumière ou de "légèreté" qui permettent de respirer un peu. C'est beaucoup grâce à ce charmant petit couple (le héros rencontre une petite nana qui va l'aider dans sa quête), qui éclaire cette sombre impasse de la possibilité d'un amour qui fait du bien. Le film n'est jamais aussi bon que quand il enregistre "objectivement" la vie telle qu'elle est, comme ces premiers plans sur des ouvriers qui taffent, mangent et dorment ensemble, comme ces regards précis sur les protocoles médicaux, comme ces scènes qui montrent les rapports entre les expatriés et ceux qui sont restés au bled. Mais il est également excellent quand il s'emballe vers une poésie puissante : la mort d'une vache découpée en quelques plans eisensteiniens, par exemple, ou cette fin complètement radicale qui boucle la chose en quelques secondes. A la fin, on est un peu lessivé par la sécheresse de la chose, mais on est bien content d'avoir découvert un metteur en scène rare et pas manchot. Bien bien.

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