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18 février 2012

Rue des Cités de Carine May et Hakim Zouhani - 2011

Des p'tits jeunes qui parviennent à faire un premier film sans argent, ça force toujours la sympathie, et c'est vrai que Rue des Cités a tout pour être agréable : plein de bonnes intentions, gentiment amateur, non dénué pour autant d'une certaine ambition, on a envie d'aimer ça, aucun doute. Ben oui, mais le souci, c'est que finalement, on n'aime pas trop : les bonnes intentions ne suffisent pas, les deux compères ont beau être habités par de saines ambitions (réhabiliter la banlieue, la faire sortir des clichés misérabilistes), il leur manque tout simplement le don...

G_Rue_des_cites

Dans un noir et blanc qu'on imagine inspiré par de nombreuses visions de La Haine, dans un certain naturalisme qu'on imagine issu de Kechiche ou de Dridi, on regarde une petite tranche de vie autour de trois-quatre personnages ordinaires, petits glandeurs sans envergure mais pleins d'humanité, trafiquants sans envergure au verbe haut, enfants livrés à eux-mêmes, etc. C'est bien joli, et effectivement ça change de ce qu'on voit d'habitude sur le sujet : à part un ou deux coups de pieds assénés sans conviction, on a l'impression que cette banlieue est assez proche de l'île aux enfants. C'est bien de vouloir donner une autre image, mais de là à livrer un machin aussi lisse, il y avait quand même un peu de marge. L'originalité de la chose, c'est que la fiction est entrecoupée d'interviews de gens du quartier (Aubervilliers) qui racontent comme c'est bien d'être là. Ou en tout cas, comme c'était bien, et c'est là que le bât blesse : malgré la jeunesse des réalisateurs, le film est étrangement tourné vers le passé, dans un "c'était mieux avant" un peu gavant. Que ce soit Daeninckx qui évoque tous ses copains qui disparaissent un à un, ou le gars qui racontent comment il a piqué un gâteau quand il était gosse, tout semble dire que la banlieue s'est perdue, qu'elle est devenue triste et fade... alors que la partie fictionnelle s'applique consciencieusement à dire l'inverse. Discours flou pour le moins. May et Zouhani sont d'ailleurs bien maladroits dans l'écriture de la partie fiction, désespérément accrochés à une histoire alors qu'ils ont bien plus de talent quand ils laissent la caméra tourner pour attraper des moments de vérité : un savoureux dialogue entre un gars et sa mère, quelques dialogues hachés entre potes, une fille qui boxe... Ils auraient vraiment dû rester dans cette veine-là, au lieu de se laisser enfermer dans cette tramette vague de reportage télé, de trahison et de vengeance. D'autant que les acteurs, à peu près tous mauvais, ne parviennent jamais à rendre la chose crédible : l'amateurisme se laisse vraiment voir à cause d'eux, et les réalisateurs ont beau essayer de colmater les brèches (notamment en insérant là-dedans un "tournage dans le tournage" censé justifier le manque de talent des interprètes, facile), la maladresse d'ensemble finit par occulter les attachantes qualités de la chose (humour, sincérité, montage). Un film raté, simplement.

i_36391_rue_des_cites_02

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